L’homophobie n’a rien de… gay!
La section des Affaires publiques de l’Ambassade des Etats-Unis au Cameroun monte officiellement au créneau, de manière sibylline, pour appeler les autorités camerounaises à dépénaliser l’homosexualité.
Et de se montrer un peu plus claire: «Au moment où nous nous approchons de la journée internationale contre l’homophobie [la date n’est pas précisée, ndlr], nous tenons à rappeler que les droits humains sont une affaire de tous, sans distinction de race, de religion, d’origine ethnique ou de toutes autres sensibilités, y compris les préférences sexuelles».
L’ambassade des Etats-Unis adopte par la suite un ton menaçant, même si c’est fait de manière dérobée, comme il est d’usage en diplomatie. «En aucun cas en ce jour et en cette époque, les crimes de haine, la violence ou la discrimination ne devraient être socialement acceptés ou autorisés par la loi». Pour elle, «emprisonner des gens sur la base d’accusations ou de messages textuels non prouvés participe de la violation des libertés consacrées par la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Une société pluraliste ne peut véritablement prospérer que lorsque chacun de ses membres reconnaît et respecte sa diversité».
En visite de travail en janvier et février derniers en France, le président de la République, Paul Biya, avait eu ces mots, en réponse à la question d’un journaliste sur la question de la dépénalisation de l’homosexualité au Cameroun: «Avant que je ne sois président, le Code pénal chez nous, l’article 347 je crois, punissait cette chose, ce délit. Maintenant ce que peux dire, c’est qu’il y a discussion, les esprits peuvent évoluer dans un sens ou dans un autre. Mais actuellement, c’est un délit (…) Il y a une évolution des esprits. Il ne faut pas désespérer».
Si le chef de l’Etat s’était montré quelque peu évasif sur le sujet, au goût de certains, le doyen d’âge de l’Assemblée nationale, pour sa part, a coupé court à l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire de mars 2013 (en cours), qui marquait également la rentrée parlementaire de cette année.
«La controverse née de la question de l’homosexualité sera résolue grâce à la promulgation rapide d’un Code de la famille et des personnes dans lequel le concept du mariage sera une fois de plus réitérée tel que nous le connaissons ; à savoir une union entre un homme et une femme. De ce fait, il s’avère que les droits de l’homme ne sont pas bafoués étant donné que les individus sont libres d’agir à leur guise en privé, tant qu’ils respectent les lois en vigueur et la dignité de l’homme en public», appuyait l’honorable Peter Cho Fonso.
Et de se montrer intransigeant: «Notre société doit demeurer ferme et inébranlable face aux pressions et influences extérieures portant sur ce sujet ».
Pour mémoire, c’est l’article 347 du Code pénal camerounais qui condamne les relations sexuelles entre deux personnes de même sexe. Cinq ans de prison ferme sont requis pour toute personne coupable de ce délit.