Une femme qui entraîne les hommes.
Les hommes l’écoutent et la respectent: Laurence Béatrice Ndougou est également l’une des rares Camerounaises présidentes d’une équipe de football masculine.
Les habitués des stades de football ne sont plus surpris de voir Laurence Béatrice Ndougou au volant du minibus de son école de football. En fait, la « prési », comme on l’appelle parfois, conduit très souvent elle-même les joueurs de son équipe qui doivent livrer un match de football.
Laurence Béatrice Ndougou est en fait l’une des rares femmes présidentes d’une équipe de football masculine au Cameroun. Titulaire d’un Brevet de technicien supérieur en Comptabilité, elle a également obtenu une licence d’éducateur de football, ce qui l’autorise à encadrer des footballeurs. Elle préfère qu’on utilise le terme « encadrer » et non « entraîener ».
Mère comblée de 6 enfants, elle indique qu’elle n’a pas de mal à se faire obéir et respecter dans ce milieu constitué d’hommes. Au contraire, son statut de femme peut avoir des avantages: « Entraîner des joueurs de football n’est pas l’apanage des hommes. J‘encadre parfois des enfants et même des orphelins, qui n’ont souvent pas connu d’amour maternel. Dans mon équipe, ils retrouvent une nouvelle famille. Par la grâce de Dieu, j’ai une autorité positive qui apporte un plus dans la vie de l’autre. »
Issa Hamadou, un fervent supporter de football, dit bien connaître Laurence Béatrice Ndougou. « La première fois que je l’ai vue, je me suis demandé s’il y avait déjà des femmes chauffeurs de bus« , se rappelle-t-il en riant aux éclats.
Et de poursuivre: « Lorsque j’ai appris qu’elle est plutôt la présidente d’un club de football, j’ai admiré son courage à se lancer dans un domaine presque réservé aux hommes. »
Laurence Béatrice Ndougou a fait ses « classes auprès de Robert Corfou », un sélectionneur français qui a été le directeur technique national de l’équipe nationale masculine de football du Cameroun en 2001. Elle a ensuite entraîné les jeunes de Mardi Deutch, une école de football, avant de créer son propre centre de formation.
C’est donc en 2006 que l’école de football San Etieno futbal associacion (SEFA) ouvre ses portes. Au début, Laurence Béatrice Ndougou entraînait elle-même « ses enfants ». Avec le temps, elle a pris un coach pour pourvoir s’occuper des tâches administratives, même si elle reste très présente, aussi bien lors des entraîenements que des matchs.
A ce jour, le centre a déjà formé « 180 jeunes » de 6 à 23 ans, avec des résultats qu’elle trouve « satisfaisants » bien que « beaucoup reste encore à faire ». Les jeunes du SEFA ont par exemple été sélectionnés pour participer à plusieurs tournois internationaux comme le Toernooi Varsseveld, qui s’est tenu au Pays-Bas en 2011.
Ils ont remporté la 3ème place à « La voix de l’enfant », un autre tournoi international de football organisé en France en 2010.
SEFA a également organisé le tournoi international de la jeunesse en février 2011, en marge des manifestations marquant la fête de la jeunesse au Cameroun. Le palmarès de l’équipe est plus important que ces exemples.
« Nous avons 14 jeunes en Asie, 7 en Amérique latine, 5 au Portugal, un en France et un en Suisse », dit-elle.
Au sein du SEFA, il y a des équipes de toutes les catégories à savoir: poussins, minimes, benjamins, cadets, juniors et seniors . La catégorie senior est affiliée au championnat local de deuxième division régionale du Centre.
« La saison dernière, nous sommes arrivés jusqu’au barrage« , se félicite Laurence Béatrice Ndougou. Le barrage indique qu’on a été finaliste pour l’accès à la division supérieure.
Le secret de cette passionnée de football, c’est « l’encadrement sportif accompagné d’un amour maternel« , d’après ses propres termes.