Ca… k.o?
L’Union Européenne (UE) qui absorbe 60% de la production mondiale, vient de limiter le seuil de teneur en métal lourd.
1er avril 2013. A partir de ce jour, toutes les fèves de cacao et autres produits dérivés exportés vers l’UE avec plus de 2 microgrammes de cadmium (métal lourd) par kilogramme seront purement et simplement refoulées. Bruxelles entend par cette mesure, imposer une teneur maximale de cadmium dans le cacao vendu sur son marché. Cette décision fait suite à la publication en 2009 d’un avis scientifique de l’autorité européenne de sécurité des aliments, recommandant de surveiller le taux de métal lourd susceptible de causer des troubles de santé. En effet, la présence de cadmium dans le corps humain provoque entre autres des dysfonctionnements rénaux, la fracture des os, l’infertilité, des problèmes au niveau du système immunitaire et le cancer.
Cette nouvelle mesure de l’UE s’applique aux pays dont les bassins de production sont situés sur d’anciennes zones volcaniques et où les sols sont naturellement acides, du fait de leur forte contenance de métaux lourds. Selon l’ICCO (Organisation Internationale du Cacao), «les niveaux les plus élevés de cadmium sont observés dans les pays d’Amérique latine et pour l’Afrique, au Cameroun». Philippe Bastide, spécialiste de la filière cacao au sein de l’ICCO précise que ce sont essentiellement les fèves produites dans l’Ouest du pays qui sont concernées, soit environ 10 à 20% de la production nationale.
Un contrôle rigoureux s’impose donc au Cameroun, 5ème producteur mondial de cacao, mais également à l’ensemble des pays de la région, inclus la Côte d’ivoire, premier producteur mondial. En effet, des recherches ont démontré que la deuxième source de contamination au cadmium est constituée par les engrais et autres fertilisants chimiques. En attendant que le moratoire de 5 ans demandé par les pays producteurs soit accepté au niveau de l’UE qui consomme 60% de la production mondiale de cacao, tous les pays concernés se doivent de mettre en place un système de contrôle efficace pour continuer à exporter vers ce marché.
Depuis le début de cette année, le gouvernement camerounais et certains acteurs de la filière cacao ont multiplié les campagnes de sensibilisation – avec remise de bâches et réfection de fours dans les grands bassins de production – auprès des producteurs afin d’éradiquer le phénomène de séchage des fèves de cacao sur le bitume et partant, d’exporter des fèves de bonne qualité. Entre fin août 2012 et fin janvier 2013, le Cameroun a exporté 172.135 tonnes de fèves de cacao, contre 149.793 tonnes sur la même période en 2011/2012. Par contre, on enregistre une baisse chez le nombre d’exportateurs qui est passé de 32 en décembre 2012 à 27 en janvier 2013.
