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CAMEROUN: Mongo Béti, rebelle jusqu’au bout des ongles

Adverse à la « Béti…se » coloniale!

Mongo Béti est de la trempe des auteurs qui ont un courage sans bornes s’il s’agit de prendre position. Lui, Ezza Boto, l’homme au pseudo, s’est distingué par des écrits engagés. Ils y dénonçaient, d’abord, véhément le colonisateur et, ensuite, les présidents d’Afrique après les indépendances.

À l’état civil, il s’appelle Alexandre Biyidi Awala alias Mongo Béti, mais comme pour se cacher de quelque chose, montrer son attitude austère par rapport à l’existant, rappelle Mme Coudy Kane, spécialiste de la littérature africaine, il se fait appeler Ezza Boto.

Avec cet auteur, le roman de combat contre la colonisation est initié. Il dénonce le colonisateur, l’aliénation culturelle, l’oppression politique, économique et autre. La plus connue de ses productions, «Ville Cruelle», évoque un jeune qui quitte la ville pour la campagne; le sens inverse en quelque sorte pour quelqu’un qui est considéré comme une star dans le village car, jeune lycéen, il s’exprime en français.

Dans ses écrits, cet anticonformisme venu du Cameroun et grand dénonciateur de la littérature de Camara Laye qu’il ne juge pas engagé, raconte cette Afrique meurtrie par la colonisation.

Mais «il y’a une prédominance du réalisme au-delà de la fiction avec un optimisme certain sur l’avenir du continent car les Africains sont passés dans l’art de la résistance avec leur culture», éclaire Mme Coudy Kane.

De «Ville Cruelle» à «Le Roi Miraculé» en passant «Mission Terminée» ou encore «Le Pauvre Christ de Mbomba», Mongo Béti met à nu l’action des missionnaires en Afrique avec une approche parfois satyrique envers le colonisateur.

Après les indépendances, né une défiance vis-à-vis des nouvelles autorités, Mongo Béti va connaitre l’exil en France pour 32 ans. Aussi paradoxale que cela puisse paraitre, son ouvrage «Main basse sur le Cameroun» qui attaquait le Président camerounais de l’époque, Amadou Ahidjo, va être censuré en France grâce à l’intervention du romancier Ferdinand Oyono, alors ambassadeur du Cameroun en France.

Finie la colonisation, mais Mongo Béti ne baisse pas pour autant les bras dans la dénonciation surtout en ce qui concerne le néocolonialisme. 16 ans après, il sort une trilogie «Remember Ruben» où il fait l’apologie de ce résistant Ruben Um Nyobe. Un roman où «il dénonce les présidents d’Afrique qui sont pires que le colonisateur».

C’est dans cette même dynamique revendicatrice et dénonciatrice que Mongo Béti va publier, de concert avec sa femme, une revue dénommée «Peuples Noirs, Peuple Africain» très engagée et qui dénonce avec véhémence les maux apportés au continent par les régimes néocoloniaux.

Plus tard, la censure va être levée, mais Mongo Béti aura réussi a donner un mot d’ordre à tous les auteurs qui, dans une certaine mesure, vont se livrer à une dénonciation sans bornes de la colonisation, selon la critique Coudy Kane.

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