La preuve qu’on n’est pas bon prophète chez soi!
L’entraîneur de la Zambie, Hervé Renard, et l’Ivoirien François Zahoui, qui seront adversaires à la finale de la CAN 2012, ce dimanche 12 février, partagent la particularité d’être des techniciens qui ont été décriés avant le démarrage de la compétition phare du football africain.
Recruté par le président de la Fédération zambienne de football, Kalusha Bwalya, le Français Renard a attendu jusqu’au dernier moment pour voir le ministère zambien des Sports parapher son contrat.
Le patron du sport zambien avait accusé sa Fédération de football d’avoir négocié le contrat sans l’en informer. Le technicien français est surtout arrivé à un moment où les ‘Chipolopolos’ avaient fini de se qualifier à la CAN, avec un coach italien, qui s’est d’ailleurs épanché dans la presse, demandant des indemnités de licenciement. Il a estimé avoir fait son job en qualifiant cette sélection à la 28e édition de la Coupe d’Afrique des nations.
Hervé Renard avait la confiance de son président de Fédération qui a appris à admirer ses méthodes de travail au CHAN han en 2009 et à la Can 2010. Mais Kalusha n’était sûr de rien.
Ancien adjoint de Claude Leroy au Ghana, il est allé se refaire une santé financière après avoir hissé la Zambie en quart de finale de la CAN 2010 en Angola, où ses méthodes n’avaient pas prospéré. Il a fini par trouver un club en Algérie (Usm Alger) pour ne pas pointer au chômage.
La demande zambienne est arrivée au bon moment pour lui renouer avec le haut niveau africain. Lui-même regrettait à la veille de la demi-finale que, malgré ses résultats, ses concitoyens français en général et la presse de son pays d’origine ne s’intéressaient guère aux résultats de son équipe.
Plus maintenant avec cette qualification en finale de la Can, car il faut remonter à 2006 (avec Henri Michel, entraîneur de la Côte d’Ivoire) pour voir trace d’un technicien français en finale de Coupe d’Afrique.
Quant à François Zahoui, l’entraîneur des ‘Eléphants’, son recrutement était un test après l’échec des grands entraîneurs étrangers, avait expliqué Jacques Anouma, ancien président de la Fédération ivoirienne de football.
Malgré les éliminatoires de la Can 2012 menées de main de maître avec 6 matchs gagnés, Zahoui posait encore problème à certains. Il a d’ailleurs reçu une volée de bois vert après la publication de la liste des 23 joueurs sélectionnés.
Entre autres raisons avancées, le manque de lisibilité dans son système de jeu et sa supposée absence de poigne dans ses relations avec les grandes stars de l’équipe ivoirienne.
A la veille du départ pour Malabo, c’est ‘le père des Académiciens’, Jean-Marc Guillou, invité par la Fédération ivoirienne de football (Fif) à venir assister à la Can 2012, qui s’y est collé.
Tout en refusant de venir assister à un énième échec ivoirien, il avait pronostiqué un échec à Zahoui qui, selon lui, a mis sur pied un groupe non équilibré. Guillou avait mis sur pied l’Académie où sont sortis la plupart des joueurs de la sélection ivoirienne. Il avait osé comparer les ‘Eléphants’ 2012 à un marathonien qui s’est fait une ampoule au pied avant de démarrer sa course.
Si on rappelle ce que le technicien français représente dans le football ivoirien, on peut comprendre aisément la crainte des dirigeants ivoiriens de rentrer bredouilles une nouvelle fois de la CAN. Mais malgré ces écueils et les critiques répétées, l’ancien attaquant ou milieu de terrain a fait le dos rond.
Il a avancé jusqu’en finale de la compétition. Avec des résultats admirables, 5 victoires en 5 rencontres, François Zahoui, qui a débuté sa carrière d’entraîneur dans les équipes réserves en France, avant de diriger la sélection des moins de 17 ans, est en train de réussir son pari.
Et surtout de marcher sur les traces d’un certain Yéo Martial qui, 20 ans, plus tôt, a gagné la première Coupe d’Afrique des nations pour les ‘Eléphants’ de Côte d’Ivoire.
Il faudrait attendre dimanche pour savoir l’équipe championne d’Afrique. Mais les deux techniciens ont plus que relevé le défi.