Normaliser le Mali et bisser à Bissau.
12 mois de transition et déploiement de la Force en attente de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Fac) au Mali et en Guinée-Bissau. Ce sont les grandes décisions du sommet extraordinaire qui s’est tenu à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Le premier point abordé lors du huis clos a été la crise au Mali. La Conférence des chefs d’Etat a pris «note de l’engagement solennel pris, le 1er avril 2012, par le Comité national de redressement pour la démocratie et la restauration de l’Etat de restaurer rapidement la légalité constitutionnelle au Mali.»
Mais pour elle, les militaires qui ont perpétré le coup d’Etat, le 22 mars, doivent aller plus loin en regagnant les casernes et en sortant du débat politique et en se soumettant aux nouvelles autorités.
Elle a mis en garde les membres de l’ex-junte au pouvoir contre les abus. Ils seront passibles de sanctions ciblées. Elle a, par ailleurs, demandé aux nouvelles autorités du Mali de tout mettre en oeuvre pour faciliter le retour au pays de l’ancien chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, et de tous les exilés qui le désirent.
Pour mieux organiser la vie au Mali, la Conférence des présidents a décidé de porter à 12 mois le délai de la transition.
«Les chefs d’Etat et de gouvernement décident de porter la transition au Mali sur une période de 12 mois au cours desquels l’élection présidentielle devrait être organisée pour élire un nouveau président», a déclaré le président de la Commission de la Cedeao, donnant lecture du communiqué final qui a sanctionné le sommet extraordinaire.
Il s’agit, selon les chefs d’Etat, d’assurer la continuité de la gouvernance. La Constitution du Mali dispose que le président par intérim a 40 jours pour organiser l’élection présidentielle.
Lors de la signature de l’accord cadre, le 6 avril dernier, les parties en présence, c’est-à-dire les putschistes, les émissaires du médiateur de la Cedeao, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, ont convenu que le délai tel que fixé par la Constitution était difficilement applicable. Le communiqué d’hier a réglé la question.
Le président par intérim, le Premier ministre et le gouvernement restent en place pendant les 12 mois de la transition.
Sur la crise dans le Nord Mali, la Conférence des chefs d’Etat a décidé de jouer la carte de la négociation. Le médiateur, Blaise Compaoré, devrait entamer, dans les prochains jours, le dialogue avec les rebelles touaregs et tous ceux qui occupent la partie septentrionale de ce pays. Dans le même temps, la Force en attente de la Cedeao (FAC) sera déployée sur le terrain pour sécuriser le processus en cours au Mali.
Concernant la crise en Guinée-Bissau, les chefs d’Etat ont fait monter la pression. La junte a 72 heures pour céder le pouvoir, sinon elle sera frappée par des sanctions ciblées financières et diplomatiques et par une mise sous embargo de ce pays. La recette s’est avérée payante au Mali. Ici, les chefs d’Etat ont choisi la fermeté.
En outre, il sera procédé, dans les heures qui suivent, au déploiement sur le terrain de plus de 500 éléments de la FAAC, placés sous le commandement du colonel-major de l’armée du Burkina Faso, Gnibanga Baro.
Les pays contributeurs sont, selon le président de la Commission de la Cedeao, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Gambie, le Sénégal et le Togo. La mission de cette force est d’assister à la mise en place de la transition, des réformes des forces de sécurité et de défense.
Le sommet a pris fin avec la lecture de la motion de remerciement lue par le président de la République du Sénégal, Macky Sall, et par la remise symbolique du drapeau de la Cedeao au commandant de la FAC qui sera déployée en Guinée-Bissau.