Djoto…dit a…ttendez!
Le nouvel homme fort de Centrafrique, Michel Djotodia, a affirmé samedi 30 mars, lors d’un discours public à Bangui, qu’il «remettra le pouvoir» en 2016, au terme d’une période de transition de 3 ans et appelé à l’union et à la tolérance, lançant «un appel patriotique et fraternel à tous ceux qui ont pris le chemin de l’exil de revenir au pays».
«Je demande à Dieu tout-puissant de nous donner la force et l’intelligence à moi et mon Premier ministre (…) de bien gérer la Centrafrique pendant les trois ans à venir. Nous allons remettre le pouvoir à celui qui viendra nous succéder», a-t-il déclaré en sanguo, la langue nationale, devant 2.000 à 3.000 personnes venues manifester leur soutien au nouveau régime.
Dans une allusion aux anciens dignitaires du régime de François Bozizé, il a lancé «un appel patriotique et fraternel à tous ceux qui ont pris le chemin de l’exil de revenir au pays. Il n’y aura pas de chasse aux sorcières car nous devons ériger la tolérance, le pardon et le dialogue en méthode de gestion des affaires de l’Etat».
Après une première offensive de la rébellion en décembre, un accord de paix avait été signé le 11 janvier à Libreville entre le pouvoir, la rébellion et l’opposition prévoyant la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Selon cet accord, les hommes qui conduisent la transition du pays ne peuvent se présenter au scrutin présidentiel de 2016.
«Je lance un vibrant appel à l’endroit de la communauté internationale, aux pays amis et particulièrement à la France pour une assistance humanitaire en faveur des populations», a ajouté M. Djotodia. La veille, il avait insisté sur le rôle de l’Union Européenne (UE), qui «nous donne 80% des aides extérieures».
Le «président» a également mis en garde «les auteurs de pillages et destruction de biens», qui seront «traduits devant les instances compétentes. J’espère être le dernier chef rebelle président de la Centrafrique», a lancé M. Djotodia qui auparavant s’était exprimé en français, soulignant: «si nous nous retrouvons à la tête de l’Etat, ce n’est pas, croyez-moi, par une quelconque ambition politique mais par devoir national».
Dès la prise de la capitale par le Séléka, Michel Djotodia s’était posé en nouveau maître du pays. Cet ancien fonctionnaire ayant basculé en 2005 dans la rébellion a expliqué qu’il comptait diriger la Centrafrique pendant «trois ans», jusqu’à l’organisation d’élections.
Annonçant la suspension de la Constitution et la dissolution de l’Assemblée nationale, il a précisé qu’il allait «légiférer par ordonnances».
Le Premier ministre issu de l’opposition, Nicolas Tiangaye, qui dirigeait le gouvernement d’union nationale depuis deux mois, a été reconduit dans ses fonctions, mercredi par M. Djotodia qui, évoquant l’insécurité qui règne dans le reste du pays, a assuré que «dans deux à trois mois, nous allons chasser la LRA (Armée de résistance du Seigneur, mouvement rebelle ougandais particulièrement sanglant) du pays».
Djotodia a appelé «tous ceux en brousse qui connaissent des gens qui commettent des exactions à leur demander de cesser», faisant référence à la LRA, aux coupeurs de route ainsi qu’aux éléments rebelles isolés.