Le frère sénégalais Cheikh Omar Gaye a débuté très jeune sa carrière artistique. Après plusieurs réalisations au Sénégal, il a décidé de découvrir l’Europe où il a sorti son troisième recueil intitulé «Callweer» (Tourments), publié en bilingue: français et italien.
Afri-Nous: Parlez-nous un peu de vous et de votre parcours d’artiste?
Cheikh O. Gaye: En bas âge, j’ai fait de la poésie sans le savoir, parce qu’à 12 ans je pouvais inventer de belles histoires et captiver tout mon entourage. Mais c’est réellement en 1985, presqu’à la fin de mon service militaire, que j’ai commencé à griffonner quelques lignes tout en souffrant de ne pouvoir extérioriser ce que je ressentais en profondeur. C’est en 1986 que je parvins enfin à écrire mon premier poème, intitulé «Njureel», poème dédié à ma brave mère. Et c’était parti. Je fus invité à Radio Kaolack où j’enregistrais beaucoup de poèmes qui passaient de temps en temps sur la même chaîne de radio. Quelques mois plus tard, j’ai intégré la troupe théâtrale de cette même radio pour faire du théâtre phonique. Quelques mois après, j’ai rejoint la troupe Bamba Moss Kham (section B). Une année plus tard, j’ai décidé de créer ma propre troupe qui s’intitulait «Pencum Altiné». Et c’est ainsi que j’ai pris l’initiative de former les jeunes du quartier au théâtre. Du coup, toute la ville commença à s’intéresser à ce que je faisais et on m’invitait un peu partout pour réciter en public des poèmes sur divers thèmes. Bref, après la troupe «Bamtaare» fit appel à moi pour que je leur fasse de la mise en scène et je les ai rejoints avec tous les éléments de ma troupe. En 1994, j’ai aussi participé à la 4ème édition du Festival International du Théâtre pour le Développement au Burkina Faso.
J’y suis retourné, deux ans après, pour y décrocher avec ma troupe (Bamtaare) une tournée européenne qui nous a conduits en France, Belgique, Hollande et Luxembourg. C’est de retour de cette tournée que j’ai pris la décision de démissionner de «Bamtaare» avec trois autres éléments pour créer L’ATS (Atelier Théâtre Sénégalais), troupe avec laquelle on a effectué plusieurs tournées en Europe. J’ai entre autre été Président de l’Union Régionale du Théâtre Populaire et de la Musique de Kaolack, Directeur artistique de ATS, Vice-président chargé de la formation et des règlements de la Fédération Sénégalaise du Théâtre Populaire et de la Musique. Depuis 2000, je me suis établi en Italie où je continue à faire du théâtre avec la troupe que j’ai créée avec un groupe d’amis et qui s’appelle «Tukki».
Afri-Nous: Pourquoi ce titre et est-ce votre premier ouvrage?
Cheikh O. Gaye: En ce qui concerne le contenu du recueil de poèmes, je dirais que c’est logique parce que le «tourment» ne peut pas être plus grand que subir le racisme et tant d’autres injustices décriées dans ce livre, qui est mon troisième. Le premier intitulé «Kiraama» (Miracle), a été publié au Sénégal en 1996, avec l’appui de feu le Maire de Kaolack, Abdoulaye Diack. Le second, c’est la première version de «Tourment», publiée en 2000, en langue française et « wolof », sous les éditions « Culture croisée » de Paris.
Afri-Nous: De quoi vous parlez dans votre livre «Walfaar»?
Cheikh O. Gaye: Ce sont plutôt des thèmes très engagés tels que l’excision, les violences contre les femmes et les enfants, le racisme, le viol, etc. Ce qui m’a le plus inspiré c’est surtout d’apporter ma pierre à l’édifice pour qu’au concert des nations, nous puissions, toutes races confondues, parler d’une seule voix.
Afri-Nous: Est-ce que ça été facile pour vous de faire publier un livre en Italie?
Cheikh O. Gaye: Il m’a fallu surtout de la patience parce que je viens de boucler mes dix ans en Italie, et je remercie au passage Samba M’bow et son épouse Bourry Kande pour le soutien qu’il m’ont apporté pour la sortie de ce livre. Et merci aussi à Mercia Pellicioni.
Ndèye Fatou Seck