« Sassou…’z’entend » qu’il s’en fout de la leçon Compaoré?
Le Parti Congolais pour le Travail (PCT) du président Denis Sassou N’Guesso s’est prononcé en faveur de la révision de la Constitution congolaise.
Le Parti Congolais pour le Travail (PCT) du président Denis Sassou N’Guesso s’est prononcé en faveur de la révision de la Constitution congolaise, au grand dam des démocrates, de tous ceux qui se prennent à rêver d’alternance au Congo. En rappel, le pays est divisé, en raison des velléités de modification de la Constitution congolaise de 2002, par des partisans de l’actuel chef de l’Etat, dans l’optique de lui permettre de se présenter une fois de plus à la magistrature suprême.
En effet, quand on connaît la propension des personnalités issues des différents camps présidentiels en Afrique à jouer aux griots de leurs champions de présidents, on imaginait difficilement comment les partisans du PCT auraient osé faire un «affront» à Denis Sassou N’Guesso, en lui refusant ce quitus pour tripatouiller la Constitution. Ce congrès a donc servi à adouber le chef de l’Etat congolais et à faire avaler la couleuvre aux partisans de l’alternance au Congo et d’ailleurs.
Le PCT a été d’autant plus enclin à prendre sans difficulté cette décision, qu’il est demeuré monolithique. En effet, le parti présidentiel congolais n’a pas connu de déchirures internes, à l’instar de certains de ses homologues sur le continent. Il a jusque-là échappé au phénomène des démissions de cadres de premier rang dont a été victime un parti comme le CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès) de Blaise Compaoré au Burkina. Sassou N’Guesso peut donc tabler sur cette unité de son parti, pour soutenir ses ambitions de jouer les prolongations à la tête de son pays.
Contrairement à son ami Blaise Compaoré, il n’a pas encore à faire face à une société civile vigilante et déterminée à sauver la démocratie. Il n’a pas non plus affaire à une opposition tenace, coriace, déterminée à en découdre à tout prix avec les tripatouilleurs de Constitutions, partisans des pouvoirs à vie.
Ajoutée à la faiblesse de l’opposition politique congolaise et aussi de la société civile de ce pays, l’unité de son parti offre au chef de l’Etat congolais un large boulevard à vie. Il pourra, de ce fait, rouler à tombeau ouvert vers un énième mandat.
Ce recul qu’on constate en Afrique sur le plan de l’alternance, est, bien entendu, déplorable. De nombreux chefs d’Etat font des pieds et des mains pour rester au pouvoir. Cela jure avec certains acquis engrangés par le continent en la matière, déjà à la fin du 20e siècle et au tout début du 21e siècle.
Est de ces acquis, le renoncement au pouvoir à un certain moment, de leaders comme Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Julius Nyéréré de la Tanzanie, Nelson Mandela de l’Afrique du Sud et Joaquim Chissano du Mozambique. Ces hommes ont accepté de quitter le pouvoir à un moment où ils pouvaient encore s’y maintenir.
C’est dire combien certains chefs d’Etat actuels sont très loin de leurs illustres aînés et ne font pas honneur à l’Afrique. Leur aveuglément jette du discrédit sur leurs pays respectifs et sur leurs concitoyens, aux yeux du reste du monde.
Et ce n’est pas Henri Lopès qui a récemment fait les frais du soutien d’un chef d’Etat très peu soucieux de démocratie, le même Sassou N’Guesso, lorsqu’il s’est agi de trouver un Secrétaire général à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui dira le contraire. Son échec à ce poste est, pour beaucoup, lié à la personne de son chef d’Etat qui soutenait sa candidature, mais qui est l’un des moutons noirs de la démocratie dont la promotion figure pourtant dans les missions de l’OIF.
Brazza n’est pas Ouaga, mais ce qui est arrivé à Ouaga peut aussi arriver à Brazza. C’est dire combien ces chefs d’Etat atteints de la manie du tripatouillage constitutionnel font du mal à leur pays et à leurs concitoyens pris individuellement. Pourtant, ces chefs d’Etat qui ne veulent pas quitter le pouvoir, sont riches, vachement riches, pour des pays aussi pauvres que les pays africains.