Verdict plus sévère que le procureur!
La peine est lourde. L’ex-première dame est condamnée à 20 ans de prison ferme au terme d’un procès marathon à la cour d’assise d’Abidjan, qui s’est achevé très tard dans la nuit de lundi 9 à mardi 10 mars. Michel Gbagbo, le fils aîné de l’ex-président Laurent Gbagbo, il est condamné a 5 ans de prison et 5 ans de privation de ses droits.
Alors que le procureur avait requis 10 ans de prison, la Cour d’assises d’Abidjan a infligé 20 ans de réclusion à l’épouse de l’ancien président Laurent Gbagbo. Simone Gbagbo, qui est également sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), était jugée à Abidjan notamment pour «participation à une mouvement insurrectionnel» durant la crise post-électorale de 2010-2011.
La Cour «condamne à l’unanimité» Simone Gbagbo à «20 ans» de prison pour «attentat contre l’autorité de l’Etat, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public», a déclaré le juge Tahirou Dembelé, après plus de 9 heures de délibération du jury.
Il n’existe pas de procédure d’appel en Côte d’Ivoire pour les jugements d’assises mais la condamnée peut se pourvoir en cassation. Le verdict a été prononcé après minuit dans une salle vidée de son public «pour des raisons de sécurité», selon les explications du procureur.
Me Rodrigue Dadjé, l’un de ses avocats de l’ancienne Première dame, a dénoncé «une décision purement politique. J’ai honte pour la justice ivoirienne», a déclaré l’avocat ivoirien.
«On a montré que l’impunité en Côte d’Ivoire ne doit plus continuer», s’est pour sa part réjoui Soungalo Coulibaly, l’un des avocats de l’Etat ivoirien.
Ce procès collectif s’était ouvert en décembre dernier. Simone Gbagbo et 78 autres proches de l’ex-président étaient jugés pour leur rôle dans la crise post-électorale de 2010-2011, causée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara à l’élection présidentielle de novembre 2010.
Pascal Affi N’Guessan, le patron contesté du Front populaire ivoirien (FPI) – le parti de Gbagbo -, qui souhaite représenter sa formation politique à la présidentielle d’octobre, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis. Cette peine est couverte par les 2 ans de détention provisoire qu’il a effectués.
Michel Gbagbo, le fils de l’ex-président Gbagbo, issu d’un premier mariage avec une Française, a été condamné à 5 ans d’emprisonnement.
Née en juin 1949 d’un père gendarme, Simone a été, dans sa vie, historienne, linguiste, mais aussi syndicaliste, avant d’être la femme politique qu’elle reste même derrière les barreaux. En 1990, elle participe, aux côtés de son mari, à la fondation du futur Front populaire ivoirien (FPI). Après l’accession de Laurent Gbagbo à la présidence, en octobre 2000, cette chrétienne évangélique, reconnue très pratiquante, se retrouvera au cœur des principales décisions de son pays. Mais le 11 avril 2011, Simone et Laurent Gbagbo sont arrêtés à Abidjan. Fin novembre, le mari est transféré à la Haye, en exécution d’un mandat d’arrêt de la CPI. Le 29 février 2012, la CPI émet un mandat d’arrêt contre Simone Gbagbo, qui ne sera rendu public qu’en novembre de la même année. Abidjan refuse jusqu’ici de livrer Simone Gbagbo à la CPI, soutenant avoir la capacité et la volonté de lui garantir un procès équitable devant la justice de son pays, pour les mêmes faits visés dans l’enquête de la Cour internationale. Ce dont la Cour de La Haye n’est pas convaincue.
Dans une décision rendue le 11 décembre, la CPI a une nouvelle fois ordonné aux autorités ivoiriennes de lui remettre Simone Gbagbo pour qu’elle réponde des crimes contre l’humanité portés contre elle, dont meurtres, viols, persécution et autres actes inhumains, des crimes commis en Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.