Un docu sur les exactions contre les Burkinabé, après le coup d’état manqué ivoirien.
Le cinéaste burkinabé, Saint-Pierre Yaméogo a présenté en grande première, à Ouagadougou, son nouveau film intitulé «Bayiri», à travers lequel il dénonce les souffrances endurées par les Burkinabé vivant en Côte d’Ivoire, pendant la crise de 2002.
Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, une tentative de coup d’État en Côte d’Ivoire se mue très vite en rébellion armée. Les insurgés élisent alors leur quartier général à Bouaké, la deuxième ville de la Côte d’Ivoire.
C’est la naissance de la crise militaro-politique ivoirienne où la communauté burkinabé en Côte d’Ivoire va payer un lourd tribut. C’est dans ce contexte que se déroule le film.
«Bayiri» qui signifie « patrie » en langue moré, se veut une opération de rapatriement des ressortissants burkinabé.
Tout partira de l’attaque d’un village où vivent en majorité des ressortissants burkinabé. C’est désormais l’exil forcé pour ces populations. Les autorités ivoiriennes accusant le Burkina de soutenir la rébellion, il n’était donc pas bon d’être ressortissant de ce pays en Côte d’Ivoire au moment de cette crise.
Dans l’exil, le film met en lumière la traversée du désert par ces populations: Biba est séparée de sa mère Zalissa au cours de l’exode vers le Burkina. A la frontière ivoirienne, les rebelles dépouillent les marcheurs de leurs biens. Biba est violée par un chef militaire. Sa mère, quant à elle, parvient à atteindre la frontière burkinabé où un camp de réfugiés s’est progressivement mis en place.
Désemparée et sans nouvelles de sa fille, la mère prie Zodo, un redoutable bandit de retrouver Biba, moyennant de l’argent. Celui-ci parvient à retrouver la jeune femme dont il tombe amoureux en la ramenant au camp. Cette fois, c’est la mère qui a disparu. Suite au viol à la frontière ivoirienne, Biba est enceinte.
Elle fait croire à Zodo qu’elle porte son enfant. Contrainte de résider dans le camp de réfugiés le temps de sa grossesse, Biba découvre la réalité des lieux: la solitude, l’errance, la maladie, toutes les souffrances possibles et la mort.
Ce film fiction de 90 minutes, d’un coût total d’un milliard CFA, a été entièrement tourné au Burkina Faso, pendant 8 semaines, avec des comédiens bien connus du public ivoirien.