Musi… siens!
Autrefois, pratiquer la musique, en Côte d’Ivoire paraissait dévalorisant. Il était difficile voire quasi impossible qu’un père, même musicien, laisse un membre de sa famille, encore moins son fils, s’adonner à cette activité. Car, pour les uns et pour tous, la musique était réservée à ceux qui ont échoué dans leur cursus scolaire ou tout simplement aux désœuvrés.
Mais, en dépit de ces considérations, des familles ont pu briser ce tabou. Elles ont, non seulement, pu faire leur trou pour faire de leur patronyme un label, mais également elles ont rehaussé l’image de la Côte d’Ivoire. Découvrons quelques unes.
La dynastie des Séka
Akoi Athanase a semé la graine. Faisant partie des têtes de pont de la musique ivoirienne moderne, Okoi Séka Athanase a fait ses armes dans des orchestres tels que l’OFI de Bouaké, « les Grands colombias » du peuple, le TP Audiorama, pour ne citer qu’eux. Tout comme lui, son jeune frère Marcellin Okoi Séka, qui réside aujourd’hui en France, portant sûrement les gènes de la musique, a tenté de défendre fièrement les couleurs de famille et celles de la musique akyé.
Après le rappel à Dieu de l’aîné, il y a plus de 17 ans de cela, Marcellin a vu émerger sa nièce Monique Séka, la fille de Okoi Séka Athanase. Le talent aidant, Monique Séka, aujourd’hui diva de l’afro-zouk, est devenue le porte-étendard, non seulement de la musique ivoirienne, mais également de la musique africaine à travers le monde. Avec Athanase, Marcellin et Monique, il faut citer Joëlle Yaba Séka, feue Joëlle C, qui a tout de même des liens de parenté avec la famille.
Outre la dynastie des Séka, la Côte d’Ivoire est aussi marquée par les Doumbia.
Les Doumbia, porte-flambeaux du mandingue moderne
Le père, Mamadou Doumbia, jusqu’à sa disparition, était l’une des figures de proue de la musique mandingue moderne en Côte d’Ivoire. Ayant fait les beaux jours de cette musique, il a très tôt mis dans le moule sa fille Kady Doumbia qui intègre le groupe Zagazougou créé à Soubré (Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire). Ce groupe devient l’un des orchestres tradi-modernes populaires de la sous-région jusqu’à ce qu’il soit sous l’éteignoir ces dernières années.
Wompi a semé la graine
L’autre dynastie qu’il ne faut pas, non plus, oublier, c’est celle des « Houon ». Le père de cette dynastie n’est autre que Houon Pierre. Ou si vous le préférez feu Wompi. Lui n’a pas longtemps tutoyé le micro en tant que chanteur. Arrangeur émérite, il a vite fait d’installer un studio d’enregistrement. Sa compagne, en son temps, Tina Glamour, elle, par son style sulfureux, fait son chemin dans le show-biz avant de se mettre en arrière-plan.
Surtout que ses enfants, Ange Didier Houon, alias Dj Arafat et son grand-frère TV3 sont aujourd’hui des stars du mouvement coupé décalé. Arafat, adulé de par le monde- il était récemment aux Etats-Unis- a même l’avantage d’assurer certaines partitions de ses arrangements, quand on sait qu’il manie la batterie, la guitare et le clavier.
De même, il faut compter avec Antoinette Allany et son fils. Kédjévara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est sur les traces de maman, même s’il n’évolue pas dans le même registre qu’elle. Lui, adepte du Coupé-décalé, la mère faisant son chemin dans la variété.
Les Gnahoré en gestation
Celle qui va faire parler d’elle, certainement, pendant les prochaines années, est « la dynastie des Gnahoré ». Boni, le père a fait la pluie et le beau temps au Kiyi M’Bock de la prêtresse Wêrê-Wêrê Liking. Embrassant une carrière solo, au début des années 2000, Boni Gnahoré a créé et baptisé sa formation musicale « Choeur Attoungblan ».
A la tête de ce groupe, l’auteur de « Kumbélé kumbélé », son dernier opus, défend les couleurs de la Côte d’Ivoire- depuis Strasbourg en France où il réside- à travers le monde.
Dans son sillage, scintille depuis peu sa fille Dobet. Née en 1982, Valérie Dobet Gnahoré se présente aujourd’hui comme l’une des valeurs sûres de la musique mondiale d’inspiration africaine. De festivals en festivals, celle qui a grandi sous les aisselles du père au Village Kiyi, parcourt le monde, portant haut le drapeau ivoirien.
A côté de ces dynasties au sein desquelles plusieurs membres de la famille portent le virus de la musique, la Côte d’Ivoire a connu des « des clans » ou des « duos ». L’on cite, pêle-mêle, Alpha Blondy et son fils Ismaël Agana qui fait son chemin en France.
Avec eux, l’on se remémore Les soeurs Comoé, Madiara et N’Goran Mariam, révélées aux mélomanes, selon des sources, par le ministre Mathieu Ekra, à l’époque ministre de l’Information avec leur chanson « Abidjan Pont N’zo » avant de s’éclipser de la scène musicale.
A noter, si des artistes évoluant en solo ont fait et font la fierté de la musique ivoirienne, il est aussi de notoriété que des familles entières portant le virus de la musique ont, via leur art, permis de graver leur patronyme dans les annales de leur pays, mais également dans le livre d’or de la musique mondiale.