Formalisation du « Tout sauf ADO »?
La présidentielle ivoirienne d’octobre 2015 avance à grand pas et les stratégies pour barrer la route au président Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession, se multiplient aussi.
Un millier de supporters et de militants politiques ont assisté, vendredi 15 mai, à Abidjan, à la naissance d’une coalition composée de cadres de l’opposition ou de frondeurs de partis de la majorité. La Coalition Nationale pour le Changement (CNC) vient ainsi d’être portée sur les fonds baptismaux avec la signature d’une charte commune, exprimant sa profession de foi.. Si le président Alassane Ouattara cherchait un adversaire politique à sa taille, c’est une coalition de 13 partis, ou associations, qu’il risque de trouver sur son chemin.
En effet, après l’AFDCI (Alliance des Forces Démocratique de la Côte d’Ivoire), un regroupement de partis politiques dont l’objectif était de présenter un seul candidat face à ADO, la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) vient d’être portée sur les fonts baptismaux par des cadres de l’opposition et des frondeurs du PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire).
Avec la naissance de cette coalition, une chose est désormais sûre: ADO n’ira pas seul à la présidentielle. Cela est d’autant plus vrai que les géniteurs de la CNC qui promettent déjà le changement aux Ivoiriens, comptent en leur sein de potentiels candidats:
♦ Charles Konan Banny, dissident du PDCI;
♦ Kouadio Konan Bertin (KKB), également frondeur du PDCI;
♦ Mamadou Coulibaly du parti LIDER (Liberté et Démocratie pour la République);
♦ Laurent Akoun, contestataire au FPI (Front Populaire Ivoirien);
♦ Martial Ahipeaud de l’UDL (Union pour le Changement et les Libertés),
pour ne citer que ceux-là.
Certes, pris individuellement, aucun d’entre eux ne peut faire le poids face à ADO. Mais comme le dit l’adage, l’union fait la force. Et en décidant de se mettre ensemble à quelques mois de la présidentielle pour affronter le locataire du palais de Cocody, ces leaders politiques espèrent le mettre en difficulté. Reste à savoir s’ils parviendront vraiment à le chasser du temple.
C’est vrai qu’en politique, surtout en Afrique, le vote des électeurs est généralement guidé plus par des intérêts régionalistes, ethnicistes que par l’intérêt général. Et il n’est pas exclu que les figures de proue de la CNC veuillent compter sur cette donne pour battre ADO.
En tout état de cause, il faut saluer la création de la CNC car cela participe du renforcement de la démocratie, pour peu que le débat politique soit sain. C’est la démocratie ivoirienne qui gagne. Car, avec une participation de la CNC à l’élection présidentielle, la victoire de l’un ou de l’autre camp n’en serait que plus méritée. Toutefois, il faut souhaiter que la CNC se montre fair-play et suffisamment responsable. Cela d’autant qu’on a le sentiment que sa création n’est ni plus ni moins que la formalisation du «tout sauf ADO».
En tout cas, ce mariage de circonstance cache mal la haine que certains leaders politiques ivoiriens nourrissent contre ADO. Les coalitions se réalisent généralement entre des partis qui défendent les mêmes idéaux, qui épousent la même idéologie. Or, dans le cas d’espèce, on constate que ce rapprochement est loin d’être idéologique, puisqu’on y trouve des libéraux, des nationalistes, bref, du tout.
A défaut d’avoir des armes nécessaires pour battre ADO à la régulière, ils pourraient se donner le plaisir de boxer en dessous de la ceinture, en focalisant le débat sur des questions purement politiciennes. D’ailleurs, ils en ont annoncé la couleur en réclamant la dissolution de la Commission Electorale Indépendante (CEI). En ramenant sur la table ce vieux débat que beaucoup considéraient comme clos, les initiateurs de la CNC montrent leur volonté de faire feu de tout bois pour pourrir la vie à ADO.