Ces gens de dirigeants!
La responsabilité de réconcilier la société ivoirienne divisée par des années de conflit, de rébellion et d’instabilité incombe principalement à ses dirigeants, mais les rivalités politiques de longue date et un climat de suspicion généralisée attisent les tensions et bloquent les efforts d’apaisement des divisions, d’après les analystes.
Depuis la fin des troubles de 2010-2011 liés à la crise électorale, les relations entre le Rassemblement des républicains (RDR), le parti du président Alassane Ouattara, et celui de son prédécesseur, le parti du Front populaire ivoirien (FPI), de l’ex président Laurent Gbagbo, restent tendues. En mars, la réunion entre le FPI et le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), membre observateur du parti, à l’occasion d’une conférence politique nationale a constitué le seul contact officiel entre les deux camps.
Le FPI, qui a boycotté les élections parlementaires de 2011, exige que toute négociation avec le gouvernement se fasse à la condition que soient retirées les accusations qui pèsent sur Laurent Gbagbo, inculpé de crimes contre l’humanité par la Cour Pénale Internationale (CPI). Mais, cette exigence est largement perçue comme irréaliste.
Un article publié récemment par un journal pro-Gbagbo compare Alassane Ouattara à Adolf Hitler, tandis qu’un article publié sur le blog personnel du chef de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, ancien premier ministre (pro-Ouattara), appelle à l’éradication du FPI.
Le gouvernement doit guider la réconciliation politique et le FPI, abandonner ses exigences pour prendre part aux négociations, a dit M. Kouamé, le président de la CSCI. Les observateurs ont affirmé que la responsabilité de relancer la réconciliation politique revenait au président Ouattara.
«Je ne pense pas que ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire soit pire que l’histoire sud-africaine. Mais Nelson Mandela avait su créer une atmosphère de réconciliation. Si le président veut la réconciliation, rien ne l’en empêche», a dit le sociologue M. Koné.
Le gouvernement a aussi été critiqué pour sa justice sélective. Plus de 150 partisans pro-Gbagbo, notamment de hauts fonctionnaires du FPI, ont été inculpés pour avoir commis des infractions suite aux violences postélectorales. Aucun sympathisant de M. Ouattara n’a été inculpé.
Selon les analystes, l’abandon des charges contre les partisans pro- Gbagbo accusés de délits mineurs pourrait favoriser une atmosphère propice au dialogue. Si la classe politique doit diriger la réconciliation, il est également indispensable que les communautés divisées se rassemblent pour dialoguer afin d’assurer une stabilité durable.