« C-ADO » togolais à… l’homme « Faure » ivoirien?
Le temps ne semble pas jouer en faveur des partisans de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, exilés dans la sous-région et qui ne désespèrent pas de voir chuter Alassane Dramane Ouattara (ADO), dont ils contestent jusque-là la légitimité.
En effet, au Ghana, ils ont, quelque peu, perdu leur liberté initiale, si fait que la commémoration du premier anniversaire de l’arrestation de leur mentor, qu’ils voulaient faste, n’a finalement pas eu l’assentiment des autorités ghanéennes.
Désormais leurs déplacements entre Accra et Lomé sont extrêmement limités comme leurs actions en public. De plus en plus donc ADO asseoit son pouvoir et s’affirme en tant que Président de la République de Côte d’Ivoire, et apparemment tout marche bien.
Après avoir envoyé le leader des refondateurs à la Cour pénale internationale et en attendant son audition de confirmation des charges le 18 juin prochain, bien d’opposants, sur qui ne pèse aucune charge susceptible de leur créer des inouïs judiciaires, rentrent au bercail face aux dures réalité de l’exil. Véritablement cependant, le Président ivoirien n’a pas encore fini de solder ses comptes avec ceux qui ne veulent pas le voir même en peinture.
Une vingtaine d’entre eux sont sous le coup d’un mandat d’arrêt lancé par la Justice ivoirienne. Si ceux qui sont au pays de Kwamé N’Krumah comme l’ancien patron du port d’Abidjan, Marcel Gossio, et le leader de la galaxie patriotique, Blé Goudé, ne sont pas, pour le moment, inquiétés, tel est loin d’être le cas de l’ancien ministre de la Défense de l’époux de Simone Gbagbo, Moïse Lida Kouassi, qui vient d’être arrêté et extradé à Abidjan.
Il doit répondre, entre autres chefs d’inculpation de crime de sang et de crime économique. Le séjour du premier ivoirien à Lomé lors du Sommet ordinaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) aura été fructueuse, puisqu’il en est reparti avec un gros poisson dans ses bagages. Vu ce que ce thuriferaire de l’ancien régime a représenté dans l’édifice institutionnel, on peut dire que le Président Faure Gnasingbé a fait un gros cadeau à son homologue ivoirien.
En tant qu’ancien ministre de la Défense et proche collaborateur de l’actuel locataire de la CPI, c’est sûr qu’il a beaucoup à dire au cas où il serait interrogé sur sa participation à la guerre fratricide qu’a connue son pays ou sur ce qu’il en sait. Mais est-ce parce qu’il était ancien ministre de la Défense qu’il est aujourd’hui accusé d’avoir du sang sur les mains ? Certainement pas. Ce qui est sûr, c’est que le jeune Faure, en livrant ainsi cet opposant entre dans les bonnes grâces du Président Ouattara qui, quoi qu’on dise, dirige la première économie francophone de la sous-région. Entre les Etats, la realpolik l’emporte toujours sur tout ; les autres exilés ont donc intérêt à redoubler la vigilance, car ils pourraient subir le même sort que Lida Kouassi.
Abdou Karim Sawadogo