En Italie, les hôpitaux risquent une fois de plus de s’effondrer en raison de l’urgence coronavirus. Il y a besoin de personnel, et de nombreux opérateurs seraient prêts à apporter leur contribution. En plus des 23 000 médecins nouvellement qualifiés, qui attendent d’entrer à l’école de spécialisation, il y aurait également de nombreux travailleurs communautaires supplémentaires prêts à aider.
La Région Piemonte, cependant, ne leur donne même pas accès aux appels à candidatures. « Nous pensons qu’il est illégitime d’exclure des centaines de médecins et d’infirmières étrangers des concours en temps de pandémie. C’est inexplicable, il y a une pénurie de personnel de santé. La règle qui prévoit l’embauche de ceux qui ont un permis de séjour régulier devrait également s’appliquer« , a dénoncé l’ASGI (Association pour les Etudes Juridiques sur l’Immigration).
Et dans une déclaration également signée par les associations « Lunaria » et « Italiani Senza Cittadinanza » (Italiens Sans Nationalité), les avocats rappellent que « depuis des semaines, les autorités sanitaires font état de la pénurie de médecins et d’infirmières qui seraient nécessaires pour répondre à l’urgence de COVID ». Sans oublier les déclarations de Giulio Gallera (Assesseur à la Santé de la région Lombardie) et Alessandro Stecco (Président de la Commission Santé de la région Piemonte), qui ont demandé l’aide des ONG, de stagiaires et de médecins retraités. Et pourtant, depuis mars 2020, grâce à l’art. 13 du « Décret Cura Italia », converti en loi n° 27/2020, tous les citoyens des pays non_UE peuvent être engagés « comme employés de l’administration publique pour l’exercice des professions de santé et pour la qualification d’assistant social de santé, à condition qu’ils soient titulaires d’un permis de séjour qui leur permet de travailler. Et sans préjudice de toute autre limite légale. Inexplicablement, les administrations des hôpitaux et les autorités sanitaires ignorent complètement cette disposition. Ils continuent d’annoncer des concours qui, comme pour les médecins, requièrent l’exigence d’une « citoyenneté italienne ou d’une citoyenneté de pays de l’UE. Tout cela se passe à Bergamo, à Civitavecchia, à Matera, alors que dans la Région Piemonte, tous les extra-communautaires (citoyens non-UE) ont même été exclus en violation de la loi en vigueur ».
En ce moment même, toute aide possible devrait être acceptée. En fait, rien que ces derniers jours, il est apparu qu’il y avait eu plus de 18.000 cas positifs parmi les opérateurs sanitaires, au cours du mois dernier. Malgré cela, les effectifs et les difficultés au sein des hôpitaux semblent être insuffisants aux yeux de la junte de la région Piemonte, qui n’a pas voulu saisir l’occasion.
« De plus, en ce qui concerne les médecins, la situation était déjà complètement illogique auparavant. Parce que, d’une part, les emplois exigeant une qualification de cadre (et donc aussi tous les postes médicaux) devraient être réservés (selon la DPCM 174/94) aux seuls citoyens italiens, à l’exclusion, par conséquent, des citoyens de l’UE. D’autre part, le Conseil d’État a déjà déclaré à plusieurs reprises que le décret du Premier ministre susmentionné est illégitime en raison de son conflit avec le traité de l’UE. Il doit donc être révisé« , indique ensuite le communiqué.
Selon l’Association des médecins étrangers en Italie, on compte environ 77.500 étrangers ayant des qualifications dans le domaine de la santé. Il y a 22.000 médecins, 38.000 infirmières, mais aussi des physiothérapeutes, des dentistes, des pharmaciens et d’autres professionnels. Parmi eux, seuls 10% peuvent accéder à des emplois au sein du service de santé publique.
« Il faut donc traiter cette question rapidement et la doter d’une nouvelle structure qui tienne compte de la contribution que les professionnels de santé étrangers peuvent apporter dans l’urgence. Mais aussi le devoir de l’administration publique de garantir – dans l’intérêt de la collectivité – l’accès aux emplois pour les plus capables et les plus méritants, sans distinction de citoyenneté« , indique le communiqué.
Et le texte de l’ASGI de revendiquer: « Nous demandons au ministère de la santé et de l’administration publique de:
- intervenir immédiatement auprès des organes du NHS. Afin que, dans la phase d’urgence, ils puissent garantir le respect de l’article 13 précité. Permettant ainsi l’accès aux professions de santé à tous les étrangers titulaires d’un permis de séjour qui leur permet de travailler;
- modifier le décret 174/94 du Premier ministre afin de le rendre conforme aux principes énoncés dans la jurisprudence du Conseil d’État et d’exclure ainsi les emplois de médecins de ceux qui sont réservés aux citoyens. Du moins lorsque ces emplois ne comportent pas l’exercice exclusif et continu de fonctions publiques. Nous demandons au Parlement de prolonger les effets de l’ouverture visée à l’article 13 au-delà de la période d’urgence. Puisqu’il est totalement illogique que la possibilité pour les citoyens étrangers de postuler à un emploi soit limitée à la seule période d’urgence« .