Zurich célèbre les 100 ans du mouvement Dadaïste, né en Suisse, d’une révolte contre un massacre inutile, la Bataille de Verdun en 1916 et contre un conformisme béat. Dada se définissait comme « anti-artistique ». Ce mouvement nihiliste voulait faire table rase du passé. Il appelait à une sorte d’attentat esthétique permanent. Peut-on être encore Dada aujourd’hui?
« Dada ? le mot à été choisi au hasard dans un dictionnaire pour que, justement, il ne signifie rien et ne nous engage à aucun dogmatisme » expliquait Tristan Tzara en 1961 . « Il n’y avait en commun, entre nous, qu’un grand sentiment de révolte. Nous allions tous dans le même sens, qui était de dépasser les formes de l’Art pour atteindre la liberté de l’homme et de l’individu ». Avec l’écrivain Hugo Ball, le plasticien Marcel Duchamp, le peintre et architecte Marcel Janco, le groupe veut dénoncer l’absurde, pratiquer l’anarchisme dans l’art. Il prône une liturgie du dégoût. Dans le groupe, on trouve également l’écrivain et photographe Hemmy Hennings et le peintre Hans Arp.
Tristan Tzara est l’imprésario du scandale. Il est dynamique, inventif. Il se hâte de préciser que « tout le monde est directeur du mouvement Dada » et, à celles et ceux qui en douteraient, ce provocateur de génie donne dans le Bulletin Dada la liste des 80 présidents et présidentes ! Le mouvement gagne vite. Tout est bon dans ce grand défouloir. On chante, on récite, on boit beaucoup. Sur la piste de danse des percussions africaines rythment cette hystérie inédite et bon enfant. L’improvisation est reine. Bientôt, Le Cabaret refuse du monde. Les articles des journaux évoquent la naissance du mouvement. L’onde de choc touche la France.
Tzara arrive à Paris en 1919 et le mouvement s’implante naturellement à grands coups de scandales et de provocations. La presse se déchaîne. Les dadaïstes font irruption dans les institutions artistiques. Ils sèment un trouble inédit jusque là. André Breton et Aragon adhèrent aussitôt. Il souffle sur Paris un vent de souffre particulièrement rafraîchissant. Impossible de récupérer ce mouvement qui revendique haut et très fort son absurdité. Le mouvement déconcerte, séduit, scandalie, fascine. En 1921, Dada offre même « 50 francs de récompense à qui trouve le moyen de nous expliquer Dada ».
Que reste-t-il de Dada aujourd’hui? Et si la crise mondiale que nous traversons était tout simplement le triomphe de Dada ?