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DIVORCES REMARIES: Querelle de famille au Vatican?

Qu’on en lise que l’Eglise s’enlise?  

C’est comme un long repas de famille. Les convives de toutes couleurs et de toutes langues sont venus de très loin. Le pape François est à la place d’honneur. Tel un patriarche, il préside ce synode qu’il a convoqué pour parler sans tabou des problèmes que l’Église catholique affronte avec les questions de la famille, du mariage et de la sexualité. 

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Au terme de 5 jours de débats, ils sont 240, sur 253, à avoir pris la parole. Couples de laïques, experts, théologiens, évêques, cardinaux, chacun disposait de 4 minutes pour dire ce qu’il avait sur le cœur sans avoir peur du jugement des autres – et encore moins de celui du pape – comme François l’avait exigé dimanche en ouvrant le bal.

C’est donc la profusion de points de vue, de témoignages, de rappels, de questions, d’émotions. Une foire aux idées qui finit par donner le tournis si un sujet majeur n’émergeait pas de jour en jour, une sorte d’idée fixe, impossible à contenir et plus forte que tout.

«La question critique» des divorcés remariés

Comme si les questions pourtant importantes – et toutes évoquées – de contraception, de polygamie, d’accueil des personnes homosexuelles, de préparation au mariage, de drames familiaux liés à la guerre dans certains pays ou d’éloignement familial pour chercher du travail au loin, et tellement d’autres sujets, n’étaient qu’accessoires par rapport à «la question critique», comme l’a située un témoin: celle des divorcés remariés.

Considérée au début de la semaine comme un souci «occidental», concernant peu les Africains par exemple, elle s’est imposée et se pose pour la dernière semaine de ce synode comme le sujet dominant qui pourrait aboutir à ce que le cardinal Kasper, en première ligne dans ce débat, craignait, à savoir «un divorce sur le mariage».

L’unanimisme porté lors d’une sorte de toast unitaire, en début de session, pour «préserver l’indissolubilité du mariage» face à la question des divorcés remariés, est profondément fissuré.

Car les choses se corsent en réalité. Alors que les pères synodaux ne devaient en parler que lors d’une séance, ils ont occupé une deuxième puis une 3ème séance pour ferrailler sur le sujet, même si tout est fait, à l’extérieur, pour que les bruits d’éventuelle vaisselle cassée ne transparaissent pas car il y va de l’image de l’Église.

Banquet théologique

Par exemple, aucun des cardinaux ou évêques qui sont farouchement contre une évolution de la doctrine de l’Église pour donner la communion aux divorcés remariés (car ils y voient le risque «de voir s’écrouler l’édifice des sacrements», dont le mariage mais aussi l’eucharistie) n’est admis à la salle de presse pour les briefings quotidiens.

Le Vatican ne nie pas l’existence de deux écoles théologiques opposées sur cette question (l’autre étant celle du Pape et du cardinal Kasper, qui entendent trouver une voie pour mieux accueillir les divorcés remariés), mais on minimise certaines interventions très tranchées contre cette perspective. Un peu comme si, dans une réunion de famille, on tournait la tête quand le vieil oncle, conservateur, reprenait sa rengaine!

Ce banquet théologique entame donc seulement son plat de résistance. Toute la semaine prochaine, les pères synodaux travaillent par groupes linguistiques. Un second synode, dans un an, abordera les conclusions pratiques. Mais il est clair que l’unanimisme porté lors d’une sorte de toast unitaire, en début de session, pour «préserver l’indissolubilité du mariage» face à la question des divorcés remariés, est profondément fissuré quant aux chemins pour y parvenir.

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