Adieu Maestro!
Doudou N’diaye Rose, de son vrai nom Mamadou N’Diaye s’est éteint ce 19 Août 2015 à Dakar. Plus qu’un musicien percussionniste c’est un patrimoine vivant qui s’en est allé. Né le 28 Juillet 1930, cette figure emblématique de la culture sénégalaise, voire africaine, a consacré toute sa vie au tambour. Les observateurs le qualifiaient de tambour-major hors pair, capable de diriger 100 batteurs sur plusieurs rythmes en même temps.
Sa passion pour le tam-tam et les percussions traditionnelles africains s’exprime dès l’âge de 7 ans. Sur le chemin de son destin, Mamadou N’Diaye dit Doudou N’diaye Rose rencontre El hadj Mada Seck, le meilleur tambour-major du pays de l’époque, celui-ci devient son mentor pendant plusieurs années. Hormis sa passion pour le tambour, il fréquente l’école française et travaille d’abord comme soudeur. Il commence sa carrière vers les années 50 dans le cinéma, notamment avec les films de Tino Rossi. Il est sous le charme de l’orchestre symphonique, des 50 violons et violoncelles qui accompagnent et rêve d’en faire autant, à sa manière, dans son pays.
Les portes s’ouvrent pour lui le 4 Avril 1960, jour de l’indépendance du Sénégal, lorsqu’il joue devant le Président Senghor dans le grand stade de Dakar accompagné de 110 tambourinaires.
Le grand public le découvre en 1986 en France, lors du festival Nancy Jazz Pulsations, ou il se produit avec sa troupe d’une cinquantaine de batteurs. Après son passage en France, la gloire s’ouvre à lui, et sa renommée prend une dimension internationale.
En 1988, Doudou Ndiaye Rose joue comme percussionniste à la bande-son de «La Dernière Tentation du Christ» de Martin Scorsese. Un an après, il prend part à Paris, aux manifestations du Bicentenaire de la Révolution française, et exprime son talent sur la scène du Zénith avec France Gall.
En 1993, le Tambour Major fait un duo avec Alan Stivell. Il enregistre également avec Dizzy Gillespie, Miles Davis, les Rolling Stones, Peter Gabriel et Kodo et un groupe de percussions japonais. Sept ans plus tard, il reprend avec le cinéma et compose la musique du film « Karmen Geï » du cinéaste sénégalais Joseph Gaï Ramaka, un long métrage inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée, dans lequel il joue aussi son propre rôle.
En 2005, la carrière de ce griot talentueux à la capacité de centaines de rythmes et d’inventer de nouveaux instruments de percussion reçoit une couronne au niveau national au cours du 2ème Gala de Reconnaissance. Deux ans après, il est crédité sur l’album « Year Zero Remixed » du groupe de rock industriel Américain Nine Inch Nails pour un remix du morceau « The Warning » en collaboration avec Stefan Goodchild.
Compositeur et chercheur, Doudou Ndiaye Rose a inventé sans cesse de nouveaux rythmes dont celui de l’hymne national sénégalais « Le Lion rouge ».
Toujours sur sa lancée d’innovateur, il fonde la première école de percussion à Dakar où il enseigne les rythmes et forme un orchestre de femmes qui « battent tambour ».
Dans sa discographie, se distingue Djabote (Real World CDRW43), qui comprend 12 titres enregistrés sur l’île de Gorée en mars 1991.
Un enregistrement réalisé en une semaine avec son groupe de cinquante tambours et la chorale de Julien Jouga, un chœur réunissant quatre-vingts interprètes, exclusivement des femmes.
Le Sénégal vient de perdre une icône, un grand maître des tambours qui a marqué son époque, promu la culture sénégalaise et africaine aux quatre coins de la planète. Paix à son âme. Le groupe AllAfrica Global Media présente ses condoléance à toute la famille éplorée ainsi que tout le monde artistique endeuillé.