Après Négrophobie, co-écrit avec Boubacar Boris Diop et François-Xavier Verschave (Les Arènes, 2005), Odile Tobner (professeur agrégé de Lettres) replonge aux origines du racisme français, à travers un essai qui décortique le discours français sur les noirs en général et sur l’Afrique en particulier, depuis plusieurs siècles.
Elle y révèle à quel point ce discours est profondément enraciné dans la culture française, y compris chez les philosophes des Lumières. En tant que Présidente de Survie, l’écriture de ce livre lui a parut nécessaire, constatant tous les jours à quel point l’acceptation des liaisons criminelles de la France avec les dictateurs en Afrique s’appuie sur une tradition idéologique ancienne.
Depuis le Code noir (1724), rares sont les intellectuels ou les dirigeants français qui ont remis en question le socle raciste sur lequel repose notre regard sur les « noirs », africains ou antillais.
Les saillies négrophobes récentes d’Hélène Carrère d’Encaussse, Alain Finkielkraut ou Nicolas Sarkozy ne sont pas des « dérapages » malheureux, mais la continuité désolante de préjugés nourris depuis quatre siècles.
Qui, en France, sait que Saint-Simon, Bossuet, Montesquieu ou Voltaire ont commis, sur ces questions, des pages monstrueuses ? Que Renan, Jules Ferry, Teilhard de Chardin, Albert Schweitzer ou encore le général De Gaulle leur ont emboîté le pas ?
Le pays des Lumières et des droits de l’homme n’aime pas se voir en ce miroir-là. Odile Tobner révèle pourtant que la négrophobie fait partie de notre héritage. Il est temps de décoloniser les esprits. Enfin.