Virer le virus!
C’est la première fois dans l’histoire du Conseil de sécurité qu’une épidémie est qualifiée «de menace à la paix et à la sécurité internationales», a fait observer le représentant de la France devant la résolution S/RES/2177(2014), au record battu de 134 coauteurs, que le Conseil a adoptée, à l’unanimité, pour combattre l’épidémie d’Ebola qui sévit en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.
C’est la première fois dans l’histoire du Conseil de sécurité qu’une épidémie est qualifiée «de menace à la paix et à la sécurité internationales», a fait observer le représentant de la France devant la résolution S/RES/2177(2014), au record battu de 134 coauteurs, que le Conseil a adoptée, à l’unanimité, pour combattre l’épidémie d’Ebola qui sévit en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. « Devant l’épidémie la plus grave que le monde n’ait jamais connue », le Secrétaire général de l’ONU a proposé la création d’une mission des Nations Unies pour la réponse d’urgence à Ebola (UNMEER).
Depuis le déclenchement de l’épidémie en mars dernier en Guinée, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), représentée aujourd’hui par sa Directrice générale, compte 2 489 morts sur un total de 4 985 personnes infectées.
« Ce n’est pas seulement une épidémie. Ce n’est pas seulement une crise de santé publique. C’est une crise sociale, humanitaire, économique et une menace à la sécurité nationale qui va bien au-delà des zones touchées », a prévenu Mme Margaret Chan.
« Pour arriver à contrôler cette épidémie, le niveau de réaction doit être 20 fois plus important qu’il ne l’est actuellement », a prévenu, à son tour, le Coordonnateur principal du système des Nations Unies pour le virus Ebola. Il faut compter 2 à 3 mois pour créer les systèmes de réaction, a précisé M. David Nabarro.
« Comme, il y aura bientôt plus de cas d’Ebola au Libéria qu’en 40 ans d’histoire de cette maladie et que la gravité et l’ampleur de la situation exigent désormais un niveau d’interventions internationales sans précédent pour une crise de santé publique », le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon a proposé la création d’une mission des Nations Unies pour la réponse d’urgence à Ebola (UNMEER) dont la première équipe devrait être déployée dès la fin de ce mois.
« Face à l’épidémie la plus grave que le monde n’ait jamais connue », selon les avertissements du Secrétaire général, la mission aura cinq priorités à savoir: arrêter la propagation du virus, soigner les malades, assurer les services essentiels, préserver la stabilité et prévenir d’autres irruptions de la maladie.
Elle devrait réunir un large éventail d’acteurs et d’expertise des Nations Unies pour appuyer les efforts nationaux, tout en travaillant en coordination avec les organisations régionales comme l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les Nations Unies ont besoin d’un milliard de dollars pour les six prochains mois et le prix de l’inaction serait élevé, a souligné le Secrétaire général.
Confronté ainsi à une épidémie dont « l’ampleur extraordinaire constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales », le Conseil a adopté une résolution saluée par la représentante des États-Unis et Président du Conseil pour le mois de septembre comme « un record dans l’histoire du Conseil » avec ses 130 coauteurs, 4 autres s’étant ajoutés plus tard.
La résolution invite les États Membres, y compris de la région, à lever les restrictions aux déplacements et aux frontières imposées en raison de l’épidémie d’Ebola et qui concourent à isoler davantage les pays touchés et à saper leurs efforts visant à y faire face.
Les Ministres des affaires étrangères du Libéria, de la Guinée et de la Sierra Leone se sont félicités de cette disposition. Le Ministère guinéen a, par exemple, souligné que la fermeture des frontières, les restrictions de vols, la stigmatisation des victimes, l’isolement des pays touchés et le refoulement de leurs ressortissants constituent « une arme plus dangereuse que le fléau à combattre ».
Dans la résolution, le Conseil de sécurité engage aussi les États à fournir une assistance et des ressources d’urgence. Libérien et travaillant au Libéria, M. Jackson K.P Naimah de Médecins sans frontières (MSF) qui a perdu « une nièce, une cousine, de nombreux amis, des copains d’université et des collègues » a dit: « envoyez-nous vos hélicoptères, vos centres, vos lits et vos spécialistes et n’oubliez pas les fondamentaux parce que certains ménages n’ont ni savon, ni eau et ni seau, des choses simples qui peuvent inverser la courbe de l’épidémie ».
Les offres d’aide se sont multipliées aujourd’hui au Conseil. Les États-Unis ont réitéré leur offre de déployer 3 000 militaires, la France a annoncé l’installation d’un hôpital militaire en « Guinée forestière », la Chine a offert 2 millions USD à l’OMS et à l’Union africaine, le Royaume-Uni a atteint les 60 millions USD en Sierra Leone, Cuba a annoncé le déploiement d’une « brigade de spécialistes des épidémies à grande échelle » et le Brésil a autorisé une donation exceptionnelle de milliers de tonnes de riz et de haricots, pour ne citer que ceux-là.
L’Union Européenne (UE) s’est engagée pour un don de 150 millions d’euros tandis que la Fédération de Russie a affirmé que son pays a mené, avec succès, des essais sur un vaccin qui n’attend plus que l’accord de l’OMS pour sa mise en circulation.
L’épidémie peut être contenue, a assuré la Directrice générale de l’OMS, en prenant les cas du Nigéria et du Sénégal, où les Gouvernements, le Centre américain pour le contrôle des maladies (CDC) et Médecins sans frontières ont répondu immédiatement avec les mesures d’urgence qu’il fallait. Avec le Coordonnateur principal du Système des Nations Unies pour le virus Ebola, elle a salué les États pour avoir pris la mesure de la catastrophe et manifesté une telle solidarité avec les pays concernés.