M comme Morsi et comme Moubarak?
Les manifestants sont descendus par milliers dans les rues de plusieurs villes d’Egypte, le 25 janvier, pour commémorer la révolution de janvier 2011, qui a mené à la chute d’Hosni Moubarak.
Deux ans après, les slogans sont pourtant très similaires et montrent les espoirs déçus du changement annoncé par le président élu il y a 6 mois, Mohamed Morsi.
C’est bien la déception et la colère qu’on perçoit dans ces slogans de la révolution, qui sont les mêmes qu’il y a deux ans: «Du pain, la liberté, la justice sociale et la dignité humaine» et que tous reprennent en coeur. Sur les affiches, on peut lire: «Non aux Frères musulmans», «Nous voulons une nouvelle Constitution» ou encore «Morsi égal Moubarak».
Pour ceux qui sont descendus ce vendredi 25 janvier dans les rues, le président, qui a fait passer en force la nouvelle Constitution en décembre, est incompétent et autoritaire. Selon eux, les promesses de la révolution que les Frères musulmans se sont targués de représenter lorsqu’ils ont fait campagne il y a 6 mois, ne sont pas tenues. Et Mohamed Morsi utilise les mêmes méthodes du régime militaire que la confrérie a contribué à renverser. Pour les manifestants, c’est le président Morsi qui est responsable de la profonde division du pays.
Au nord du Caire, à Héliopolis, c’est devant le palais présidentiel que des affrontements ont commencé, en fin d’après-midi, entre manifestants et forces de l’ordre, comme autour du ministère de l’Intérieur, près du centre, où les blessés se comptent par dizaines.
Des manifestants ont bloqué le Pont du 6 octobre, non loin du bâtiment de la radio et de la télévision publique à Maspero, où des groupes se sont affrontés là aussi aux forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes puissants.
On ignore combien ils sont ni qui ils sont, mais ils font peur aux médias égyptiens. Leur nom : «Black Bloc Egypt». On les connaissait en Europe et aux Etats-Unis comme un groupe anarchiste et surtout comme grands tacticiens des manifestations de protestation anti-capitaliste et mondialiste. Cagoulés et vêtus de noir, ils étaient un casse tête pour les forces de l’ordre lors des G8 et des sommets économiques. Mercredi soir 22 janvier, les Black Bloc Egypt ont, pour la première fois, revendiqué une attaque. C’était contre les bureaux du site «Ikhwan Online» des Frères musulmans.
Jeudi, un groupe d’entre eux se rendait place Tahrir pour affirmer qu’ils allaient être partie prenante de la grande manifestation de ce vendredi 25 janvier. Ils menaçaient de s’en prendre au siège du Conseil consultatif qui officie aujourd’hui comme législateur. Ils menaçaient aussi les Frères musulmans de violentes représailles s’ils s’en prenaient aux révolutionnaires. Vantardise ou vraies menaces? Difficile de le dire pour l’instant.