Dans le mors de Morsi?
L’Assemblée constituante égyptienne, dominée par les islamistes, a adopté, ce vendredi matin 30 novembre, un projet de nouvelle Constitution qui doit être présenté au président.
Mohamed Morsi pour sa ratification avant d’être soumis à référendum. L’opposition libérale et laïque, de même que l’église chrétienne copte, ont boycotté les travaux de la commission, accusée de préparer un texte faisant la part belle aux positions des islamistes dont est issu le président Morsi.
La séance aura duré 20 heures, pendant lesquelles les membres de la Constituante ont cravaché pour finir la course. Au départ, les articles étaient lus et adoptés presque sans discussions. Mais au fil du temps, le président de l’Assemblée, Hossam el-Ghiryani, a été obligé d’accorder la parole, surtout quand les articles sensibles ont été abordés.
La plupart des articles ont été adoptés à la quasi unanimité. Très peu de mains osaient se lever quand le président demandait s’il y avait des objections. Pas étonnant, puisque l’écrasante majorité des membres étaient des islamistes. Les empêcheurs d’approuver à répétition avaient en effet tous décidé de démissionner. Pas un chrétien, moins de 5 femmes et pratiquement pas de laïcs.
La question principale est la charia. Même si l’article deux précisant que les principes de la charia sont la source principale de la législation existait déjà, le pouvoir de la jurisprudence islamique a été élargi par le biais d’un article explicatif.
En contrepartie, chrétiens et juifs ont eu un article leur accordant le droit de se référer à leur propre législation en matière religieuse et de statut personnel. Un droit qu’ils avaient déjà.
Même si la forme change, les pouvoirs du président de la république restent très larges. Quant aux articles sur les libertés, ils continuent à faire polémique. Par exemple, il n’y a pas d’interdiction d’incarcération des journalistes pour «les crimes de publication».
Il y a enfin de nombreux addenda dont une loi électorale pour éviter la supervision de la Cour constitutionnelle et une autre privant les dirigeants de l’ancien parti de Moubarak de leurs droits politiques.