L’utopie d’un éthiopien?
C’est l’histoire d’un voyage a priori sans histoires entre Addis-Abeba en Ethiopie et Rome en Italie. En somme, rien d’autre que la routine pour la plupart des membres de l’équipage du vol ET702 d’Ethiopian Airlines et leurs passagers, propulsés bien malgré eux sous les feux de l’actualité. Car, c’est à Genève, bien loin de leur destination finale, qu’ils se sont réveillés le 17 février 2014 à l’aube, victimes, on le saura plus tard, d’un pirate de l’air pas comme les autres.
On est loin en effet, de ces actions terroristes qui ont marqué d’une page noire l’essor des transports aériens sur le continent. On se souvient encore de la prise en otage des 240 passagers du vol Alger- Paris en 1994. Une opération menée par des membres du GIA (Groupe Islamique Armé) abattus lors de l’assaut final sur le tarmac de l’aéroport de Marseille-Marignane après avoir tout de même sacrifié trois de leurs captifs.
Il faut dire que depuis le 11 Septembre, la sécurité dans les aéroports et sur les lignes du monde entier a été considérablement renforcée. Désormais, il n’est plus question d’embarquer sur un quelconque vol sans avoir au préalable franchi les portiques qui fleurissent désormais dans les aérogares d’ici et d’ailleurs. La compagnie éthiopienne ne fait pas exception, elle qui peut se targuer d’être l’une des plus sûres, pour ne pas dire l’une des plus fiables du ciel africain.
Mais à l’impossible nul n’est tenu ; encore moins lorsqu’en dépit des mesures les plus drastiques, il s’avère que le ver est déjà dans le fruit ou plutôt dans le cockpit. En effet, le pirate de l’air, qui n’est autre que le copilote, aurait embarqué lors d’une escale régulière au Soudan.
Usant d’un titre qui le plaçait au-dessus de tout soupçon, il lui suffisait, dès lors, de profiter de la pause pipi du commandant de bord pour s’enfermer à double tour et s’emparer de l’avion corps et biens. Un acte ô combien perfide que ne pourra certainement pas justifier la demande d’asile politique exprimée par le pirate auprès des autorités helvétiques. Qu’il obtienne ou non gain de cause, son acte ne sera pas sans conséquences, faisant grimper d’un ou de plusieurs crans la phobie sécuritaire qui, depuis une dizaine d’années, ne cesse de hanter le ciel.
En tout cas sains et saufs, les passagers et l’équipage du vol ET702 ont poursuivi leur voyage a priori sans histoires, non sans avoir essuyé, au passage, quelques sueurs froides.