Malick est-il… fada de Faada?
«These songs of freedom» est repris en chœurs par Imany, Faada Freddy et Sherika dans la salle de la Bellevilloise pleine à craquer. Bien qu’étant en général plus objet que sujet du regard, l’image est, cette fois-ci, symbole de la philosophie de « Thinkzik ». Ce label dirigé par Malick Ndiaye, un Sénégalais vivant en France, va produire Faada Freddy du Daara J.
«Thinkzik, c’est un label de gens qui aiment la musique et qui la soutiennent. Ce n’est pas un label pour faire de l’argent avec la musique même si faire de l’argent est devenu une réalité dans l’industrie musicale», explique Malick Ndiaye dans les backstages de la Bellevilloise. « Thinkzik » existe depuis 2004, la première artiste signée fut Ayo avant d’être «vendue» à Universal.
Faada Freddy, artiste sénégalais qui a encore ébloui Paris avec les différentes facettes de sa voix, vient de signer avec Malick Ndiaye sur le projet de la sortie d’un album solo en septembre prochain intitulé «Gospel Journey».
«C’est un label que j’appelle « d’explosion ». Les artistes sont parfois dans des dynamiques qui permettent de les faire connaître mais ils n’explosent pas. Un label comme Thinkzik qui maitrise les techniques de mise en valeur des artistes contribuent de manière efficace à les faire connaître» témoigne le chanteur de Daara J Family.
Pour l’artiste Imany, «Malick Ndiaye arrive à voir plus grand que vous et même si vous n’y croyez pas, il dit: « fais-moi confiance ». Malick a toujours raison. Il privilégie les talents, les âmes, les voix. Et ça marche».
«Thinkzik», ou penser musique, en langue anglaise, devine une philosophie de vie et d’action. «Je veux que les gens, avant de penser business, de vouloir être célèbre, d’être adulé et adoré, qu’ils pensent musique» explique Malick Ndiaye, originaire du quartier « Gueule Tapée » de Dakar. S’il est disert sur son label, il arbore, en revanche, l’armure de faux fuyant dès qu’il s’agit de parler de lui. Ce globe-trotter à la dégaine oxymorique de Dandy Roots dédaigne simplement s’attribuer le statut de « talibé » et de « doxadem ».
Autrement dit un métèque des temps modernes. Car pour aller à rebrousse poil de George Moustaki, Malick Ndiaye rêve souvent de vrais musiciens et pas de rôdeurs aux destins de pilleurs de jardins nourris à l’or du fleuve Pactole. Une pensée qu’il résume ainsi «J’ai besoin qu’un artiste me touche». Et sur ce plan, avec Imany, Faada Freddy et la jeune artiste Sherika venue de Londres, son sentiment fut partagé par toute la salle de la Bellevilloise. Il présente Faada Freddy comme «une voix exceptionnelle. Il a des talents de musiciens, il faut juste arriver à trouver le meilleur de lui-même » selon le patron du label « Thinkzik ».
Avec Imany, la rencontre remonte de quelques années. Trouvant qu’elle avait un « grain de voix très particulier », ils décident de travailler ensemble pour qu’elle se «libère. Malick m’a approché, m’a fait signer, m’a aidé à se développer sur la scène. La scène et encore la scène. Malick ne croit qu’à la scène» dit Imany de sa voix suave et grave.
L’auteure de «You will never know» parle de celui qui «voit le potentiel des gens et le développe quand personne d’autre n’y croit. Aujourd’hui, Imany vend 150 000 disques en France, ce qui est énorme. Sherika, 21 ans seulement, pourtant avec une voix incroyable. Le label travaille sur la sortie de son album l’année prochaine. Je veux faire des choses auxquelles je crois et ne pas se tromper d’ambition. Il ne faut pas confondre réussir dans la vie et réussir sa vie. Nous sommes proches « d’axiroussamane » (la fin du monde)», prophétise celui que Faada Freddy appelle « le Gourou Malick ».
«Il a une vision clairvoyante qui accompagne des artistes ayant la même dynamique. C’est une famille», poursuit l’un des membres fondateurs de Daara J.
Après avoir livré chacun, en solo sur scène, une performance de qualité, on ne pouvait pas savoir qui de Imany avec ses milliers de disques vendus et ses tournées à travers le monde, de Faada Freddy dont la carrière est mûre de quelques décennies ou de la débutante Sherika, très applaudie par le public, était la vraie star du label.
Une manière pour Malick Ndiaye, à travers Thinkzik, de réincarner le légendaire label américain Motown avec ses nombreuses stars.