Où vogue la pirogue?
L’un des événements de ce Festival de Cannes a été la projection du film « La Pirogue », dans la section « Un certain regard », le seul film de l’Afrique subsaharienne en sélection officielle. Le ministre de la culture sénégalais, Youssou N’Dour avait d’ailleurs fait le déplacement pour l’occasion pour ce film qui a pour thème les candidats à l’exil.
« La Pirogue », c’est un long bateau de pêche. Ces derniers temps cependant, ce ne sont pas des poissons qu’elle ramasse mais des hommes en quête d’une vie meilleure en Europe. L’un rêve de réussir dans la musique, l’autre de devenir footballeur, un infirme espère pouvoir se faire soigner et une jeune femme affirme qu’un emploi l’attend à Paris.
Le réalisateur Moussa Touré montre les préparatifs puis la traversée tragique en mer. Tous ne survivront pas à cette odyssée, et ceux qui restent, heureux d’avoir réchappé aux flots, reviendront à Dakar, transformés et désabusés. Rares sont les films africains sélectionnés au Festival. Pour autant, Moussa Touré refuse d’apparaitre comme le représentant du continent.
«Il y a une Afrique que je ne veux pas représenter. Parce que l’Afrique des dictateurs et tout ça, moi je ne la représente pas! Je suis pour représenter l’Afrique mais avec le peuple, ou les peuples. Aujourd’hui, tous ceux qui nous gouvernement au Sénégal, je suis d’accord pour les représenter parce qu’ils sont dans la même voie que le peuple et dans la même voie de la liberté parce qu’on s’est battu pour avoir ce qu’on a. Les gens comme Youssou N’Dour ou notre président de la république Macky Sall qui sont dans ce gouvernement, je suis avec eux», déclare-t-il.
Youssou N’Dour, venu monter les marches de la section Un certain regard, a d’ailleurs été ovationné au Palais des festivals.
Le ministre était salué aussi bien pour ses talents de musicien que pour la transition démocratique qui prend forme au Sénégal et qui redonne espoir aux cinéastes locaux.