Jouant pour les yuans!
C’est visiblement un nouvel Eldorado pour les footballeurs africains. La Chine est, depuis quelques semaines, une destination prisée par plusieurs stars du football du continent noir. Une ruée vers le football de l’Empire du Milieu devenue, par la force des choses, le lieu où des sportifs tentent de rebondir. Et au mieux, faire fortune pour assurer la fin de leur carrière. La liste des footballeurs africains transférés en Chine est de plus en plus longue.
Le 20 juin, Drogba annonçait sur son site officiel qu’il venait de signer un contrat de deux ans et demi avec le Shanghai Shenhua FC. Le 21 du même mois, le Ghanéen Isaac Chansa était transféré au Henan Jianye. Le 25 juin, le Nigérian Yakubu Ayegbeni quittait le club anglais des Blackburn Rovers pour l’équipe de Guangzhou R F. Une semaine plus tard, le Pékin Guoan annonçait aussi que le club venait de signer un contrat avec Frédéric Kanouté. Le week-end dernier, c’était au tour d’un autre international malien, Seydou Kéita, de plier bagage pour le Dalian Aerbin.
Une belle colonie africaine dans un football qui n’est certes pas réputé pour être grand. Mais, qui s’attire de grosses stars africaines de ces dix dernières années. Pourquoi un si grand intérêt pour le pays le plus peuplé du monde?
Didier Drogba explique son choix par la découverte de nouvelles sensations. «J’ai le sentiment qu’aller au Shanghai Shenhua est la bonne direction pour moi maintenant. J’ai hâte de relever ce nouveau challenge, de découvrir une nouvelle culture et je suis très enthousiaste par rapport au développement de la ligue chinoise de football. Quand nous sommes venus en Chine avec Chelsea, la saison passée, nous avons passé de bons moments et nous avons rencontré des fans exceptionnels», assure le capitaine des Eléphants qui, à 34 ans révolus, sait que son choix pourrait être celui d’un footballeur qui utilisera subtilement les contrats publicitaires dans un pays en pleine expansion dans le domaine du football.
Bien plus, la Chine a besoin d’icônes africaines pour mieux assurer sa visibilité dans le berceau de l’humanité. D’autant que l’Afrique, sur le plan économique, est, depuis une dizaines d’année une cible privilégié des produits chinois.
Recruter donc des footballeurs de la trempe de Didier Drogba pour faire la promotion des équipes de football reste, par conséquent, de belles vitrines pour des marques et sponsors.
L’attitude des dirigeants de clubs chinois n’est pas nouvelle dans le monde du football. A la vérité, les Chinois reprennent un modèle des pays du Golfe et récemment de la Russie qui attiraient des joueurs en fin de carrière pour relever le niveau de leur championnat et attirer les sponsors.
Le Sénégalais Mamadou Niang, l’Ivoirien Doumbia Seydou, le Ghanéen Assamoah Gyan… sont depuis quelque temps, cantonnés dans le Qatar. Le Camerounais Samuel Eto’o et l’Algérien Mbark Boussoufa jouent tous les deux au FK Anji Makhatchkala.
L’Ivoirien Seydou Doumbia du Cska Moscou a même été la saison écoulée, le premier footballeur africain à être élu meilleur joueur de l’année dans le championnat russe.
La Fifa s’est même mise dans la balance en octroyant l’organisation des coupes du monde 2018 à la Russie et 2022 au Qatar. De sorte à favoriser plus d’intérêt pour les footballeurs vers cette zone du monde.
Et la deuxième puissance économique mondiale qu’est la Chine s’introduit dans cette dynamique de promotion du football des pays de l’Est et du Golfe. De nouvelles aventures commencent donc pour des footballeurs africains. Que dire de l’aspect financier? Les concernés n’en font pas leur principale motivation.
Didier Drogba assure vouloir «aider à promouvoir le football chinois partout dans le monde et plus encore à améliorer les liens entre la Chine et l’Afrique».
Quand à Seydou Kéita, il affirme, lui: «Oui, il y a de l’argent et je vais en gagner en Chine. Mais je n’y vais pas uniquement pour cela. J’y vais pour être bon car je déteste être mauvais. C’est ma vie et ma façon de jouer. Je suis encore ambitieux. Il y a la Can en 2013 et la Coupe du monde en 2014. J’ai bientôt 33 ans, c’est peut-être mon dernier contrat».
Et pourtant, les médias chinois évoquent un salaire hebdomadaire de plus de 315.000 dollars pour le capitaine des Eléphants. Soit le double de ce qu’il touchait à Chelsea et qui en ferait le joueur le mieux payé du championnat chinois.
Le capitaine des Aigles du Mali touchera, pour sa part, 12 millions d’euros par an. On comprend donc que tous ces joueurs, pour la plupart des trentenaires, sans le dire ouvertement, sont sur une pente douce. Et le challenge est d’autant plus intéressant pour eux qu’ils signent des contrats juteux en fin de carrière.