Les présidents africains ont financé la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 2002.
Robert Bourgi a cité cinq présidents africains comme étant des contributeurs financiers africains de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 2002. Ils auraient donné en tout « environ 10 millions de dollars ».
A l’approche des élections présidentielles françaises et du verdict dans l »affaire Clearstream’, qui oppose principalement Nicolas Sarkozy à Dominique de Villepin, l’heure est aux révélations les plus fracassantes les unes que les autres. La dernière en date vient de Robert Bourgi, avocat, qui fut proche de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin avant de rejoindre le président Nicolas Sarkozy et Claude Guéant. Dans une interview accordée au Journal du dimanche (Jdd), Robert Bourgi, l’héritier de Jacques Foccart qu’il appelle ‘papa’, a révélé que le président Wade a participé au financement de la campagne électorale, en 2002, de Jacques Chirac. C’est lui-même qui était le porteur de valises à billets de banque. Il jouait ainsi l’intermédiaire.
Les valises bourrées de dollars sont remises, selon Robert Bourgi, à Dominique de Villepin (Directeur de cabinet, ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Intérieur et Premier ministre de Jacques Chirac).
« Je devais me présenter à l’Elysée sous le nom de ‘M. Chambertin’, une de ses trouvailles. Pas question de laisser de traces de mon nom. Par mon intermédiaire, et dans son bureau, 5 chefs d’Etat africains – Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et Omar Bongo – ont versé environ 10 millions de dollars« , témoigne Robert Bourgi.
Robert Bourgi parle également d’un nouveau ‘donateur’, le président Obian Nguéma, qui a lui aussi « voulu participer. J’ai organisé un petit-déjeuner au ministère de l’Intérieur, en présence du président Wade et de son fils Karim, au cours duquel, Obian Nguéma a remis à Villepin une mallette contenant un million et demi d’euros« , soutient M. Bourgi qui affirme que Dominique de Villepin ouvrait parfois les mallettes devant lui, et rangé les billets de banque dans ses tiroirs.
Si l’on ne sait pas le montant qu’aurait donné le président Wade, le défunt président gabonais, Omar Bongo, avait fait une contribution de 3 millions de dollars. De même que Laurent Gbagbo.
« Laurent Gbagbo m’a demandé combien donnait Omar Bongo, et j’avais dit 3 millions de dollars. Laurent Gbagbo m’a dit: ‘On donnera pareil alors.’ Il est venu à Paris avec l’argent. Nous nous sommes retrouvés dans une suite du Plaza Athénée« , explique Robert Bourgi avant de poursuivre: « Nous ne savions pas où mettre les billets. J’ai eu l’idée de les emballer dans une affiche publicitaire d’Austin Cooper. Et je suis allé remettre le tout à Villepin, à l’Elysée en compagnie d’Eugène Allou, alors directeur de protocole de Laurent Gbagbo« .
Les trois millions remis par Blaise Compaoré, eux, ont été mis dans des Djembé pour ne certainement pas attirer l’attention des gens, surtout la police des frontières.
« Un soir j’étais à Ouagadougou, avec Blaise Compaoré, je devais ramener pour Chirac et Villepin 3 millions de dollars. Compaoré a eu l’idée, ‘connaissant Villepin comme un homme de l’art’, a-t-il dit, de cacher l’argent dans 4 Djembés. Je les ai chargés dans ma voiture jusqu’à l’Elysée. C’était la seule fois où j’ai eu l’honneur de me garer dans la cour d’honneur! C’était un dimanche soir et je suis venu avec un émissaire burkinabé, Salif Diallo, alors ministre de l’Agriculture. Je revois Villepin, sa secrétaire, Nadine Izard, qui était dans toutes les confidences, prendre chacun un Djembé, devant les gendarmes de faction… Les Djembé étaient bourrés de dollars. Une fois dans son bureau, Villepin a dit: ‘Blaise déconne, c’est encore de petites coupures!« , révèle encore Robert Bourgi.
A. T.