Adieu… donné?
Dieudonné répondra devant le tribunal correctionnel de faits d’apologie, d’actes de terrorisme en raison d’un message sur les attentats qui ont fait 17 morts en France.
Le parquet de Paris a décidé de le convoquer le 4 février devant le tribunal correctionnel. Il avait été arrêté à son domicile d’Eure-et-Loir par la police judiciaire parisienne. En France, l’apologie d’actes de terrorisme est passible de 7 ans de prison et de 100.000 euros d’amende.
Avant l’annonce de sa convocation devant le tribunal, l’un de ses avocats, Me Jacques Verdier, avait dénoncé un acte démesuré, réfutant que le polémiste ait pu inciter directement à des actes de terrorisme par ses propos.
Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour apologie du terrorisme contre Dieudonné, qui a écrit sur Facebook se sentir « Charlie Coulibaly », en référence à Amedy Coulibaly, qui a tué une policière à Montrouge et quatre personnes dans une épicerie casher de Paris. Le message en question a rapidement été retiré, mais des captures d’écrans restaient visibles sur plusieurs sites internet.
Dieudonné avait notamment assuré avoir participé à la manifestation historique du 11 janvier, organisée en hommage aux victimes du terrorisme, tout en la tournant en dérision, la qualifiant d' »instant magique comparable au big-bang« , « comparable au couronnement de Vercingétorix« .
Mardi 13 janvier, devant les députés, Manuels Valls avait fustigé le polémiste âgé de 48 ans, qualifié de « récidiviste de la haine« . Le Premier ministre avait également demandé que « la justice soit implacable avec ces prédicateurs de la haine ».
La lettre adressée au ministre Cazeneuve
De son côté, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait dénoncé des propos « abjects (…) qui témoignent d’une irresponsabilité, d’un irrespect et d’une propension à attiser la haine et la division tout simplement insupportables« .
L’entourage de l’humoriste a diffusé un courrier dans lequel Dieudonné Mbala Mbala s’adresse à Bernard Cazeneuve. « Depuis un an, je suis traité comme l’ennemi public numéro 1, alors que je ne cherche qu’à faire rire, et à faire rire de la mort, puisque la mort, elle, se rit bien de nous, comme ‘Charlie’ le sait, hélas« , écrit Dieudonné, qui se dit victime d’un hacharnement des autorités. « On cherche un prétexte pour m’interdire. On me considère comme un Amedy Coulibaly alors que je ne suis pas différent de ‘Charlie‘ », assure Dieudonné dans ce document.
Dieudonné s’est rapproché au fil de sa carrière des milieux islamiques, des communautaristes noirs et des négationnistes de la Shoah, faisant notamment monter sur scène Robert Faurisson, lors de l’un de ses spectacles. Il a conduit une liste antisioniste aux élections européennes de 2009.
Célèbre pour sa « quenelle », geste interprété comme un salut nazi inversé par des associations mais qu’il présente comme une manifestation « antisystème », Dieudonné a été condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale, en 2013 notamment pour la chanson Shoananas.
Il a été mis en examen en octobre 2014 pour fraude fiscale et faisait déjà l’objet d’une enquête pour apologie d’actes de terrorisme, après la diffusion d’une vidéo sur l’assassinat du journaliste américain James Foley.