La Gambie doit… s’exécuter!
Exprimant sa consternation après l’exécution de 9 personnes en Gambie, parmi lesquelles deux Sénégalais, la Haut Commissaire de l’Onu aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a appelé le président Yaya Jammeh à ne pas procéder à d’autres exécutions. Elle s’est dit profondément troublée par cet acte autorisé par le président Jammeh.
La responsable de l’Onu rappelle que la Gambie avait confirmé, en 2010, le maintien du moratoire sur la peine de mort dans son rapport périodique au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies. Cet acte représente, selon elle, une grave régression en ce qui concerne les droits de l’Homme, après un moratoire de 27 ans sur la peine de mort en Gambie.
«Jusqu’à ce changement de cap soudain et déplorable, la Gambie avait été l’un des premiers pays à renoncer à la peine capitale. Cela est inacceptable, particulièrement pour les familles des condamnés. L’exécution au secret constitue un traitement inhumain», a déclaré Mme Pillay, selon Mme Pillay, des préoccupations sérieuses persistaient quant au procès des personnes condamnées, tout en déplorant la confusion et le manque de transparence qui persistent, depuis plusieurs jours, autour de ces exécutions et sur l’identité des condamnés.
«La déclaration du président Yaya Jammeh affirmant que tous les condamnés à mort seraient exécutés avant la fin du mois de septembre est extrêmement préoccupante et soulève des interrogations sur la motivation d’une telle précipitation. Le communiqué du ministère de l’Intérieur (gambien), qui tente de justifier le changement de politique, est profondément erroné», a souligné Mme Pillay.
Rappelons que les exécutions de 9 prisonniers en Gambie avaient suscité une vague d’indignation et de condamnation à travers le monde. L’Ue a demandé l’arrêt immédiat de ces exécutions et va examiner dans l’urgence une réponse appropriée, a estimé Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne. La France, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a également condamné cet acte. Quant au Foreign Office, il presse le gouvernement gambien de cesser d’exécuter les condamnés à mort, comme l’a déclaré Alistair Burt, sous-secrétaire d’État au Parlement au ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth.
Les Etats-Unis ont également demandé à la Gambie de cesser immédiatement les exécutions de condamnés à mort au moment où les appels se multiplient pour épargner la vie des autres prisonniers, selon la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland. Elle a condamné le manque de transparence et la précipitation avec lesquels ces exécutions ont été effectuées. Le Rapporteur spécial de l’Onu sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, a récemment demandé au gouvernement gambien d’épargner la vie de 39 autres condamnés à mort.