Le verdict dicte!
Pascal Simbikangwa, ex-capitaine de la garde présidentielle rwandaise durant le génocide de 1994, a été condamné par la cour d’assises de Paris à 25 ans de prison. Il est le premier génocidaire rwandais à être jugé en France au nom du principe de compétence universelle de la justice. Le délibéré a duré 12 heures. L’accusation avait requis la perpétuité.
Le Rwandais Pascal Simbikangwa a été condamné à 25 ans de réclusion pour son rôle dans le génocide au terme d’un procès historique, le premier en France lié au drame rwandais, 20 après des massacres.
L’ex-capitaine de la garde présidentielle, âgé de 54 ans, paraplégique depuis 1986 et cloué dans un fauteuil roulant, a été reconnu coupable de génocide, en qualité d’auteur et de complicité de crimes contre l’humanité par la cour d’assises de Paris. Le verdict est tombé au terme d’un procès fleuve semaines et d’un délibéré de 12 heures.
L’accusation avait requis la réclusion à perpétuité contre celui qu’elle a décrit comme un «génocidaire négationniste», accusé notamment d’avoir armé et donné des instructions aux miliciens qui tenaient des barrières à Kigali où étaient filtrés et exterminés les Tutsis.
La défense avait demandé son acquittement, dénonçant des témoignages «fragiles» et un procès «politique», à quelques semaines des commémorations du déclenchement du génocide le 7 avril 1994, alors que les autorités du Rwanda post-génocide ont souvent accusé la France d’avoir soutenu le régime hutu génocidaire et protégé ses responsables.
Pascal Simbikangwa, arrêté en 2008 pour trafic de faux papiers dans l’île française de Mayotte, où il était réfugié clandestinement, était jugé au nom du principe de compétence universelle qui permet de juger un étranger pour des faits commis à l’étranger pour les crimes les plus graves.
Il était apparu au long de son procès comme toujours imprégné de l’idéologie hutu extrémiste, rendant l’ex-rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR, dont l’arrivée au pouvoir en juillet 1994 mit fin au génocide) responsable d’avoir précipité le pays dans le «chaos» et défendant l’idée d’un «double génocide», génocide de hutu par le FPR dans les camps de réfugiés du Zaïre (aujourd’hui République Démocratique du Congo) qui aurait suivi celui des Tutsis au Rwanda, thèse considérée comme révisionniste par nombre d’historiens.
Tout au long de son procès, Simbikangwa avait, contre vents et marées, soutenu n’avoir vu aucun cadavre pendant les 100 jours desquels 800.000 personnes, en majorité des Tutsis, furent massacrés.