70 ans, toujours bon pied!
Née au Bénin, la chorégraphe Germaine Acogny est franco-sénégalaise. La danse, chez elle, a quelque chose d’inné, un naturel façonné par un apprentissage technique qui lui donne un cachet académique. Avec à la clé de nombreux succès et distinctions. La chorégraphe forme aussi d’autres danseurs, d’ici ou d’ailleurs, la relève dirait-on.
C’est au Bénin que la danseuse et chorégraphe Germaine Acogny voit le jour, et c’est de sa grand-mère, prêtresse yoruba, qu’elle tient toute sa gestuelle. Sa technique quant à elle, la Danse africaine moderne, lui viendra, en toute cohérence, de son apprentissage de la danse traditionnelle, et de la danse occidentale. Pendant trois années, de 1962 à 1965, la voilà d’abord pensionnaire de l’Ecole Simon Siegel, dont elle sort diplômée d’éducation physique et sportive, et de gymnastique harmonique. Trois ans plus tard, elle met sur pied son propre studio consacré à la danse africaine.
On la retrouvera ensuite comme Directrice artistique de Mudra Afrique, l’école de danse fondée par Maurice Béjart et Léopold Sédar Senghor. Cet épisode de sa vie durera 5 ans: de 1977 à 1982. Entre-temps, Mudra ferme les portes. Germaine Acogny s’installe alors à Bruxelles en Belgique, avec la Compagnie de Maurice Béjart, et les stages internationaux de danse africaine qu’elle organise à ce moment-là, sont très populaires. Surtout auprès du public européen. Une expérience qu’elle étendra à d’autres zones géographiques: la Casamance par exemple, et le village de Fanghoumé où viennent des danseurs européens ou d’ailleurs, professionnels ou amateurs. Germaine Acogny devient une icône de la danse africaine.
Puis elle s’éclipse de la scène, mais de façon provisoire… Son come-back en 1987, est un succès. Une collaboration avec Peter Gabriel, un premier solo (Sahel), puis un deuxième en 1988 intitulé «Ye’ou» qui se distinguera en 1991. Le «London Contemporary Dance and Performance Award» est dans la poche.
Quatre ans plus tard, Germaine Acogny rentre au Sénégal où elle se lance dans un autre projet:celui de créer un Centre International de Danses Traditionnelles et Contemporaines d’Afrique. La construction de L’Ecole des Sables, comme on l’appelle aussi, s’achève en 2004. On y apprend la chorégraphie, comme on y enseigne le vivre-ensemble et le respect de l’autre. Au début des années 2000, sa collaboration avec la japonaise Kota Yamakazi donne naissance à «Fagaala», une production sur le génocide au Rwanda, qui lui devra une autre récompense.
Au Sénégal, la chorégraphe Germaine Acogny est «Chevalier de l’Ordre National du Lion», «Officier des Arts et des Lettres». Depuis 2009, elle est aussi «Commandeur des Arts et des Lettres» de la République française, son autre patrie. Et idem au Sénégal, depuis 2012.