Gospel façon makossa!… « Makospel »?
Il est rarement chanté de cette manière. Du gospel façon makossa. Cette tournure apparaît comme une inspiration spirituelle de Grace Decca. C’est la griffe de « Mouna » (Le fardeau), sorti le 5 décembre 2014.
Des louanges à Dieu exécutées avec la volonté pieuse d’une convertie, voilà toute la recette de ce nouvel album, produit par les bons soins de George Duke, auteur-compositeur-interprète américain, disparu en 2013. Grace Decca a eu le privilège de figurer sur la liste très fermée des artistes africains ayant collaboré avec ce regretté virtuose du jazz, de la soul et de la pop.
De cette rencontre naît « Mouna », fleuron de reprises de cantiques populaires à la sauce Decca, mais aussi de créations personnelles. L’auteur de « Munyengue« , « Appelle-moi princesse » et « Donne-moi un peu d’amour » s’engage donc sur ce terrain spécialisé non sans assurer ses arrières. En plus des titres conçus avec George Duke: « You turned my life around » et « These are my people » aux frontières de la soul, la chanteuse, de son séjour aux Etats-Unis, a recueilli nombre de collaborations juteuses dans le gratin du gospel.
Kirk Franklin, l’homme qui a apporté une vision contemporaine à ce rythme musical porté sur le Seigneur, est du projet. Grace Decca reprend » «Imagine me», un titre de l’artiste américain. Le timbre envoûtant et gonflé de maîtrise vocale de Grace forme une symbiose, aux limites de l’extase, avec les chœurs et autres arrangements du chanteur aux 7 Grammy Awards. Dans cet opus, l’entente est cordiale entre langues douala et anglaise.
Les instruments font la force de certaines plages où les mots s’écoutent, sans autre forme de procès. Illustration par ce duo avec le Sud-africain Jonathan Butler « You are worthy« , emballé par le son mélancolique d’une guitare acoustique. Et pour une autre reprise de classe, Grace Decca se tourne vers une voix mûre de l’heure, Josh Groban. Le succès mondial du baryton américain « You raised me up » prend une allure exotique avec la star du makossa. Là encore, le ton est modulable à souhait, flirtant entre gravité, douceur et fluidité. Les fans de gospel seront tentés par cette reconversion de Grace Decca en 13 morceaux. Et peut-être, même les moins emballés par les questions religieuses se laisseront eux aussi séduire par les qualités instrumentale et vocale de ce « Mouna », qui à l’oreille n’a rien d’un fardeau.
(Vidéo: « Mouna » – https://www.youtube.com/watch?v=q36TW1J3WSU)