On s’y met au sommet!
Les chefs d’Etat et des gouvernements de la Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL) se réunissent jeudi 05 septembre 2013 à Kampala (Ouganda) pour leur 7ème Sommet extraordinaire.
Y prendront exceptionnellement part, l’Envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu pour la région des Grands Lacs Mary Robinson, le représentant spécial de l’Union africaine Boubacar Diarra, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la région de Grands Lacs Russ Feingolg et le coordonateur principal de l’Union européenne pour la région de Grands Lacs, Koen Vervaeke.
Ces personnalités sont en tournée successivement en RD Congo, en Ouganda et au Rwanda pour y rencontrer de hauts responsables gouvernementaux, des autorités locales, des représentants de la communauté internationale et de la société civile « pour décourager de nouvelles hostilités et pour dynamiser les efforts politiques pour la paix dans la région, y compris le processus de paix de Kampala ».
Précédé par la rencontre des ministres de la Défense et de celle du comité régional interministériel des ministres des Affaires étrangères de la CIRGL, le 7ème Sommet de la CIRGL devrait permettre à toutes les parties de faire une évaluation de l’ensemble des décisions déjà prises sur la crise dans l’Est de la RD Congo.
Il s’agit notamment de celles de la CIRGL, de l’Accord-cadre signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba (Ethiopie) par 11 pays de la Région et de la Résolution 2098 votée par le Conseil de sécurité le 28 mars 2013 à New York (Etats-Unis).
«Gravement préoccupée par ce qui ressemble à une atmosphère de tensions croissantes et de rhétorique menaçante en RDC», l’Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la région des Grands Lacs Mary Robinson estime qu’«il est très important que chaque pays signataire de l’Accord-cadre soit sérieux. Je ne dis pas une chose à Goma, et une autre au Rwanda. Je dis de dures vérités, particulièrement à ceux qui doivent entendre de telles vérités directement. Et je suis prête à parler très franchement, tout en maintenant le dialogue avec le Rwanda, parce que c’est mon rôle, ma responsabilité», a-t-elle déclaré durant son séjour en RDC.
«Au cours de ses discussions avec les dirigeants de la région, l’Envoyée spéciale a souligné que la coopération politique prévue par l’Accord-cadre devait rester l’élément central des efforts visant à résoudre les conflits et instaurer la paix, la sécurité et le développement», avait indiqué un communiqué du bureau de la baronne Mary Robinson à l’issue de sa visite à Entebbe (Ouganda), au mois de mai 2013.
Les 11 signataires de cet Accord-cadre (RDC, Angola, Burundi, République centrafricaine, République du Congo, Rwanda, Afrique du Sud, Soudan du Sud, Ouganda, Tanzanie, Zambie) se sont mis d’accord pour protéger la souveraineté territoriale et préserver la paix et la stabilité de la RDC.
Aux termes de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, l’Envoyée spéciale des Nations unies a pour mission de «soutenir les efforts pour trouver des solutions durables avec un plan à plusieurs volets qui permettra la convergence de toutes les initiatives en cours».
Décisions de la CIRGL, le 31 juillet 2013
La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) a pris une série de décisions depuis que le Mouvement du 23 mars (M23) a enclenché sa rébellion en avril 2013.
En clôturant leur 6ème Sommet le 31 juillet 2013 à Nairobi (Kenya), les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la CIRGL avaient exprimé leur «soutien au dialogue de Kampala entre le Gouvernement de la RDC et le M23 » et exhorté « les deux Parties à les conclure dans les meilleurs délais».
Avaient également pris part à ce sommet, les représentants des pays coptés, membres de la Communauté économique pour le développement de l’Afrique australe (SADC (Mozambique, Afrique du Sud, Namibie), ainsi que ceux des organisations régionales dont les secrétaires généraux du COMESA, de l’EAC, de la CEPGL, la secrétaire exécutive adjointe de la SADC ainsi que des représentants des autres initiatives régionales.
Après avoir évalué l’évolution de la situation sécuritaire à l’Est de la République démocratique du Congo, le 6ème Sommet de la CIRGL a «décidé ce qui suit: 1. Soutien au dialogue de Kampala entre le Gouvernement de la RDC et le M23 et exhorte les deux Parties à les conclure dans les meilleurs délais».
Il a réaffirmé «le soutien à la mission de la Brigade d’Intervention d’éradiquer toutes les forces négatives conformément aux Résolutions de la CIRGL et la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité de l’ONU, ainsi que son opérationnalisation au plus tard le 1er septembre 2013».
Il a encouragé «le Rwanda et la RDC à poursuivre leurs discussions bilatérales afin de renforcer la confiance mutuelle et la coopération entre les deux états ; et encourage la CIRGL à demeurer saisie de la question».
«Concernant la mise en œuvre de l’Accord-cadre, le Sommet :
1. Envisage l’organisation, en collaboration avec l’Envoyée Spéciale de l’ONU pour la RGL, Mme Mary Robinson, et la Banque Africaine de Développement, d’une table ronde de partenaires dans le but de mobiliser des fonds pour soutenir des programmes et projets de développement, ainsi que des programmes et projets de paix et de sécurité en RDC et dans la Région en général ;
2. Décide que La Région doit s’approprier divers projets et initiatives liés à l’Accord-cadre afin de soutenir les initiatives, projets, programmes et mécanismes nationaux et régionaux en cours. Ceci pour contribuer à la restauration de la paix, à la stabilité au développement et l’unité de la région», selon le communiqué final.
Le 6ème Sommet de la CIRGL a aussi accepté « la requête du Kenya et du Soudan d’être parties intégrantes de l’Accord-cadre de l’ONU afin que tous les Etats Membres de la CIRGL en deviennent également partie intégrante ».
Décisions de la CIRGL, le 24 novembre 2012
Réunis le 24 novembre 2013 à Kampala, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la CIRGL avaient pris une série de décisions, après avoir rappelé celles des rencontres précédentes.
I/Concernant la situation sécuritaire :
1- Le Gouvernement de la RDC devra écouter, évaluer et résoudre les doléances de ce dernier (M23) en tenant compte du rapport de travail déjà accompli par la CIRGL,
2- Le M23 doit cesser d’étendre la guerre et menacer de renverser le gouvernement légitime élu de la RDC ;
3- Le M23 devra cesser toutes les activités de guerre et retirer ses forces de Goma ;
4- Le M23 doit se retirer, endéans deux jours, des positions occupées actuellement sur terrain ayant une importance tactique à une distance d’au moins 20 kilomètres de la ville de Goma ;
5- Déployer à l’aéroport de Goma une force hybride composée de : une compagnie de la Force neutre, une compagnie des FARDC l’armée congolaise et une compagnie du M23 ;
6- Déployer un bataillon des FARDC et de la Police nationale congolaise (qui y était déployée avant) dans la ville de Goma ;
7- La Police de Goma antérieurement désarmée par le M23 doit être réarmée en vue de reprendre ses activités ;
8- La Monusco devra occuper et assurer la sécurité dans la zone neutre se trouvant entre Goma et les zones nouvellement occupées par le M23 ;
9- Ce processus devra être supervisé par les chefs d’Etat-major général du Rwanda et de la RDC sous la supervision du chef d’Etat-major général de l’Ouganda, avec la participation des autres chefs d’Etat major général des autres pays membres ;
10- Exprimons notre gratitude envers la République d’Afrique du Sud pour l’offre d’appui logistique en faveur de la Force internationale neutre ;
11- Appuyons les efforts du président en exercice de la CIRGL visant à mobiliser les ressources auprès de l’Afrique du Sud, du Nigeria, de l’Algérie, de l’Angola, de la RDC, de l’UA, des Nations Unies et d’autres partenaires de la FIN ;
12- Saluons l’offre du gouvernement de la Tanzanie , sur la demande du président en exercice, de nommer un co mmandant de la Force internationale neutre.