Bon mandat! Élu depuis maintenant deux mois, c’est seulement le 14 décembre 2015 que le président Alpha Condé a prêté serment pour son second mandat à la tête de la République de Guinée. Un retard à l’allumage qui pourrait s’expliquer par le fait qu’à la date du scrutin, son premier mandat n’était pas tout à fait achevé. Pour mémoire, il avait prêté son premier serment le 21 décembre 2010. Et le voici désormais juridiquement apte à exercer la charge suprême pour ce second et dernier quinquennat. C’est devant treize chefs d’Etat africains et de nombreux invités qu’Alpha Condé a prêté serment devant la Cour constitutionnelle pour un nouveau mandat qui s’achèvera en décembre 2020. Cinq ans encore pour le président guinéen qu’il veut, a-t-il promis, remplir plus aisément que les cinq dernières années, car l’expérience aidant, il a une plus grande maîtrise des hommes et du terrain. « C’est un honneur pour moi de remercier le public guinéen pour son renouvellement de confiance, qu’il vient de me renouveler en me portant une seconde fois à la magistrature suprême de notre pays. C’est un nouveau mandat présidentiel me permettant de continuer l’œuvre commune que nous avons entreprise ensemble au cours des cinq dernières années, pour donner un autre avenir à la République guinéenne sur le plan politique, économique et social. Je me réjouis du travail accompli durant ce quinquennat avec l’ensemble des forces vives du pays, les jeunes, les femmes, les travailleurs pour construire ensemble une Guinée nouvelle et dynamique », a déclaré le président Alpha Condé. On se souvient que ses premières années à la tête de l’Etat n’auront pas été de tout repos, et c’est le moins qu’on puisse dire, surtout après ce procès permanent en illégitimité instruit par son éternel adversaire, Cellou Dalein Diallo, ce qui n’avait réussi qu’à pourrir chaque jour un peu plus un climat politique passablement délétère. Cinq années rythmées par des manifestations quelques fois violentes et autant de tentatives avortées de dialogue entre pouvoir et opposition. Au point que même jusqu’à la veille des élections, et après la proclamation des résultats, nombreux étaient ceux qui retenaient leur souffle, craignant une déflagration à la moindre étincelle. Et pour ne rien arranger, l’épidémie de fièvre Ebola est venue donner un coup de grâce socioéconomique à une Guinée qui tentait de renouer avec un semblant de stabilité propice à la croissance. Fort heureusement, le terrible mal est derrière la Guinée et les Guinéens, et c’est un nouvel horizon qui s’ouvre à eux, dégagé de tous les malheurs et terreurs générés par l’épidémie. Et si lors de son premier mandat, Alpha Condé a pu bénéficier de certaines circonstances atténuantes, cette fois il n’a pas d’excuses. Déclaré apte à présider aux destinées de son pays, il a désormais toute la latitude d’agir et d’imprimer sa marque. Et ce ne sont pas les attentes qui manquent. Sur un plan purement politique, on aura noté l’absence de Cellou Dalein Diallo lors de l’investiture du président réélu. Pas besoin d’être devin pour supputer que si le leader de l’opposition a plié sous le score écrasant de son adversaire, il continue de ruminer sa rancune. Reste pour le champion de cette présidentielle le plus gros de ses travaux dignes d’Hercule, à savoir le chantier colossal du développement pour une Guinée qui, mine de rien et malgré ses énormes ressources, aura perdu les cinquante premières années de son indépendance. Il faut bien reconnaître que jusque-là le château d’eau d’Afrique de l’Ouest, cet autre scandale géologique, aura surtout souffert de l’incurie de ses fils. Du despote Sékou Touré au fantasque Moussa Dadis Camara en passant par le roi fainéant Lansana Conté, c’est peu dire que d’affirmer que les Guinéens en ont soupé et largement. Alors cette fois, leur président a cinq ans, pas un seul de plus, pour faire la preuve qu’il est bien un homme d’Etat capable de relever les nombreux défis qui l’attendent.