Artiste africain emblématique et haut en couleur, roi de la rumba congolaise, Papa Wemba est mort sur scène, dimanche 24 avril au petit matin, après s’être effondré en plein concert, 20 minutes après le début de sa performance, à Abidjan, où il participait au FEMUA (Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo).
«Papa Wemba voulait mourir sur scène, c’est ce qu’il m’a confié il y a deux semaines au téléphone», a déclaré Salif Traoré, dit A’Salfo, le leader du groupe ivoirien Magic System, promoteur du Femua, qui a révélé qu’au cours d’une interview relâchée deux semaines auparavant, «Papa Wemba présentait des signes de fatigue. Il buvait de l’eau à chaque phrase».
Le malaise a été retransmis en direct par la chaîne de télévision ivoirienne RTI-1. Sur les images, tournées vers 5 heures du matin (même heure GMT), on voit l’artiste, coiffé d’un haut de forme rond de couleur rouge, s’effondrer à l’arrière-plan alors que ses cinq danseuses continuent à se déhancher sur le devant de la scène. Elles se précipitent alors pour secourir l’artiste, tandis que les rejoint un membre de la Croix-Rouge.
Père de 6 enfants, dandy s’habillant chez les grands couturiers, Papa Wemba était depuis plus de 40 ans un des chanteurs africains les plus populaires. Voix haut perchée et personnalité flamboyante, il était une des grandes figures de la rumba congolaise et le prince de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes), mouvement dont il a été l’un des initiateurs au Zaïre dans les années 70 et qui se caractérise par les plus grandes audaces vestimentaires.
Papa Wemba était l’un des artistes africains de renom invités de la FEMUA 2016, première grande manifestation culturelle ivoirienne après l’attentat qui a fait 19 morts mi-mars dans la station balnéaire de Grand-Bassam.
Né en 1949 sous le nom de Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, Papa Wemba tenait sa passion du chant de sa mère, une « pleureuse » qu’il accompagnait aux veillées funèbres. Après des débuts dans des chorales religieuses, il arrive à Kinshasa à la fin des années 60 où il participe, en 1969, à la création d’un des principaux groupes zaïrois des années 70, « Zaïko Langa Langa », qui dépoussière la rumba traditionnelle.
En 1977, il crée le groupe « Viva La Musica » et devient une star en Afrique centrale. Dans les années 80, les producteurs européens s’intéressent à lui. Il finit par s’installer en France en 1986 et, au début des années 90, se lie avec Peter Gabriel, sur le label duquel il sort trois disques.