Ces pauvres guerres entre pauvres!
Alors que l’on tente de retrouver 400 noyés de lundi 13 avril en Méditerranée, jeudi, on a signalé la mort de 42 autres, le tout sur fond de guerre de gangs et même de religions.
S’il y avait à choisir entre les différents épisodes d’horreur dans la vague d’immigration qui touche de nouveau l’Italie depuis une semaine, il n’y aurait, sans cynisme, que l’embarras du choix! L’épisode de l’immigré mort suffoqué par des vapeurs de mazout et jeté aux requins dimanche semble déjà loin. Tout comme le naufrage des 400 immigrés partis de Libye à bord de 42 embarcations de fortune. Ou les coups de feu tirés sur les secouristes en mer par des trafiquants qui tentaient de reprendre leur bateau vide de tout occupant.
Jeudi, un autre récit à faire donner la chair de poule, est venu enrichir le panthéon des horreurs. Des survivants arrivés à Palerme ont raconté: une bagarre a éclaté à bord d’un des bateaux entre musulmans et chrétiens. Les musulmans en surnombre ont fini par jeter à la mer 9 de leurs camarades «parce qu’ils étaient chrétiens!». Des membres du mouvement extrémiste de l’Etat islamique? de Boko Haram? Pas du tout: des Ivoiriens, des Sénégalais, des Guinéens. La procureure de Palerme (Sicile) a placé sous interrogatoire les 15 présumés coupables; tous sont d’Afrique sub-saharienne.
Cette affaire est hautement sensible. En décembre dernier, l’organisation dite de l’Etat Islamique qui a placé la Libye en coupe réglée, a directement menacé l’Italie de «l’envahir» avec 2000 embarcations d’immigrés. L’organisation terroriste disait vouloir s’en prendre à l’Italie et au Vatican si Rome mettait à exécution sa menace d’intervenir militairement en Libye, pays de départ des milliers de clandestins qui arrivent en Italie. L’opinion, jeudi, se demandait si ce dernier épisode, mettant aux prises des clandestins sur la base de leur foi, n’était pas l’illustration d’une première confirmation de la menace de la nébuleuse islamiste.
L’Italie a demandé à l’Union Européenne de la soutenir dans les opérations de secours des migrants. «La surveillance et les secours en mer pèsent à 90% sur nos épaules», a déploré mercredi son ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni. «Le secours en mer implique de savoir où les personnes secourues doivent être envoyées. Dans le port le plus proche? Dans le pays de provenance du bateau qui les récupère?». Il a dit ne pas avoir reçu sur ce point de «réponse claire» de la part des instances européennes. Le ministre a aussi demandé à l’UE de travailler à la base sur les pays et régions d’origine des migrants: «la Syrie, la Corne de l’Afrique, la zone Mali-Niger-Centrafrique».