Le sage message d’un Sage!
La cérémonie commémorative du 49ème anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), à Villa Madama, dans la capitale italienne, a vu la participation d’illustres personnalités politiques italiennes, en l’occurence, le Président de la République Italienne, Giorgio Napolitano et le ministre des Affaires Etrangères, S.E. Giulio Terzi di Sant’Agata, ainsi que de l’ambassadeur du Congo S.E. Mamadou Dékamo Kamara, doyen des ambassadeurs, et l’ambassadrice du Benin S.E. Marie Rosemonde Yakoubou.
A l’occasion, le président en exercice de l’Union Africaine (UA), S.E. Monsieur Boni Yayi, président de la République du Bénin, a adressé un message qui, au cours de la célébration organisée par le Corps dIplomatique Africain en Italie, a été lu par l’ambassadrice du Benin, S.E. Marie Rosemonde Yakoubou.
Excellences Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui 25 mai 2012, l’Afrique tout entière célèbre le 49ème anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, projet visionnaire réalisé par des hommes courageux et épris des valeurs de liberté, de paix et de justice. C’est ici l’occasion de réitérer notre reconnaissance à l’endroit des « pères fondateurs » qui ont consenti tant de sacrifices, pour baliser le terrain ayant conduit à la libération du continent et jeter les bases de son développement économique social, politique et culturel. 45 ans après, je m’en voudrais de ne pas rappeler au bon souvenir de tous les Africains les exploits personnels et collectifs ainsi que l’optimisme et la fierté de ces grands hommes peu connus du grand public.
Le devoir de mémoire qu’est la célébration chaque année de la journée de l’Afrique, offre l’occasion de tenir l’Afrique et les Africains en éveil afin de répondre positivement et efficacement aux défis, de plus en plus multiples et diversifiés qui jonchent le chemin du développement de la paix, de l’équité, de la gouvernance démocratique et économique du continent. Nous devons saisir cette opportunité pour réfléchir au rôle qui est le nôtre, nos précurseurs ayant joué au péril même de leurs vies leur partition.
Mesdames Messieurs,
Cette année, la célébration de la Journée de l’Afrique coïncide avec la tenue du Premier Sommet Mondial sur la diaspora africaine. Aussi suis-je particulièrement heureux et honoré de m’adresser aux participants de ce Forum pour rappeler l’important rôle attendu de la diaspora africaine, dans la construction d’une Afrique unie, épanouie et prospère. Je me dois de rappeler que les Africains de la Diaspora ont une place de choix aussi bien dans les cœurs de leurs frères et sœurs que dans la définition de stratégies pour la construction d’une Afrique nouvelle.
La tenue du forum de la diaspora, en cette année 2012, année placée sous le signe des valeurs partagées de l’Union Africaine et de la réactivation du commerce intra-africain, tel qu’il a été décidé par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union, rappelle combien il est important de consolider ces valeurs qui se rapportent à la paix, la solidarité, l’entraide, le développement, etc.
Ayant pris la mesure des défis auxquels le Continent est confronté, inspirés par les vagues de contestation et de changement que nous considérons comme un processus normal d’amélioration de nos systèmes de gouvernance axés formellement sur l’équité et le sens de responsabilité, la résurgence des conflits générés par des contestations électorales; la tendance à la confiscation du pouvoir par des modifications non consensuelles de la Constitution ; les coups d’Etat ou tentatives de prise de pouvoir par la force; les refus d’alternance ou d’acceptation du choix des populations ainsi que les récents mouvements populaires en Afrique du Nord, les dirigeants africains ont convenu de mettre en place des mécanismes appropriés pour renforcer la démocratie et l’Etat de droit en Afrique, crédibiliser nos institutions et améliorer notre environnement économique et social.
Cette volonté politique s’est traduite notamment par l’adoption d’importants instruments et mécanismes comme la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance, entrée en vigueur le 15 février 2012, l’Architecture Africaine de la Gouvernance, la Charte Africaine des Valeurs et Principes du Service Public et de l’Administration en Afrique, le Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP), etc., qui sont autant d’initiatives ayant suscité beaucoup d’espoir et d’attentes auprès de l’opinion africaine, face aux graves défaillances en matière de gouvernance, du développement local, de la démocratie participative ainsi que des droits et libertés civils et politiques.
La promotion de ces instruments est d’autant plus importante qu’ils sont articulés autour des valeurs partagées de l’Union Africaine, lesquelles constituent le troisième pilier du Plan stratégique de la Commission pour la période 2009-2012. La nécessité d’un dialogue structurant pour une gouvernance de développement en Afrique, est en particulier au cœur de l’Architecture Africaine de Gouvernance et de son instrument d’action qu’est la Plateforme Africaine de la Gouvernance.
Excellences Mesdames, Messieurs,
Je ne saurais passer sous silence le thème consacré par l’Union Africaine, cette année 2012, à savoir le commerce intra-africain. Ce thème nous place au centre de nos préoccupations, de nos attentes, mais aussi de nos espérances, de même qu’il nous rappelle sans cesse les notions de compétitivité, d’harmonisation, mais également de modernisation de nos planifications stratégiques.
Dans un monde de plus en plus interdépendant, le caractère global et transversal des défis auxquels l’humanité est confrontée requiert pour l’Union Africaine d’accélérer l’établissement de la Communauté Economique Africaine.
A cet égard, les décideurs politiques, les sociétés civiles africaines et nos frères et sœurs de la diaspora africaine devront solidairement œuvrer au renforcement et à la consolidation des Communautés Economiques Régionales (CER) qui constituent à l’évidence les piliers de la réalisation des objectifs de la Communauté Economique Africaine.
Il existe cinq (5) Communautés Economiques Régionales en Afrique. Mais ces blocs régionaux peinent à créer la coprospérité car l’intégration commerciale est insuffisante, Le commerce intra-africain est très faible, Les embuches au commerce intra-africain sont nombreuses : cout des transports, de l’énergie, marchés morcelés, barrières douanières, etc.
Aujourd’hui les effets cumulés de la crise financière et économique créent un autre défi à l’Afrique. L’intégration régionale est l’une des réponses à cette crise, par la création de vrais marchés régionaux. Cet objectif ne peut être atteint sans la construction de certaines infrastructures de base.
Nous restons convaincus que le commerce est un instrument politique qui permet la croissance et le développement. Aussi, la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine a-t-elle décidé de tout mettre en œuvre pour accélérer les programmes d’intégration africaine vitale pour nos économies.
Excellences Mesdames, Messieurs,
Afin de peser sur l’échiquier international et d’être reconnu comme un partenaire à part entière et crédible, il s’impose à notre cher Continent de subir des transformations politiques structurelles et économiques. Dans cette perspective, nous devons nous atteler avec un sens de responsabilité aigu à déconstruire les modèles politiques et économiques hérités du passé auxquels devra se substituer un nouvel ordre économique endogène basé sur les trois colonnes que sont la démocratie, l’autonomie collective nationale et continentale et le rétablissement d’un ordre social démocratique endogène.
Le passé tragique qu’a subi notre continent à travers l’esclavage, la colonisation et les velléités d’une domination pernicieuse et sournoise des forces extérieures doit nous éclairer sur les choix politiques et économiques judicieux que nous devons faire aujourd’hui’. Nos appréhensions et angoisses pour le futur doivent nous édifier par rapport aux erreurs que nous devons éviter dans la gestion du développement de notre chère Afrique.
Son Excellence Monsieur Boni Yayi,
Président de la République du Bénin
et Président en exercice de l’Union Africaine (UA)