Leyti Fall (Acteur du film « La Pirogue »)
Nous sommes très contents, car nous étions venus en Tunisie pour être récompensés et Dieu nous a entendus. Plus de 16 pays étaient en lice pour cette compétition long-métrage, mais le Bon Dieu a choisi le Sénégal. Je ne dirai pas nous, car nous représentons un pays, c’est le Sénégal qui a été récompensé. La joie qui m’anime n’est pas mesurable. Nous dédions ce prix à Ousmane Sembène qui a beaucoup travaillé pour notre cinéma et en général pour le 7e art africain. On a vu ici comment les gens le respectent, il est l’un des membres fondateurs de ce festival et est le premier à gagner ce prix au Sénégal.
Ousmane William Mbaye
(Lauréat du « Tanit d’Or » du documentaire avec le film « Président Dia »)
Yes! Ce prix me fait beaucoup de bien, il me rassure et me donne beaucoup d’énergie. Parce que c’était pour moi une histoire sénégalo-sénégalaise et le fait de voir à Tunis que le public est venu à la première projection par curiosité et qu’à la deuxième, il a adhéré, car j’ai eu des réactions après, que le jury ait choisi ce film, me montre que nos histoires peuvent traverser nos frontières. Ce débat que suscite ce film me réconcilie avec le cinéma militant qui m’avait amené à faire du cinéma dans les années 70. Un film doit avoir une vie après. C’est un grand jour pour le cinéma sénégalais, je ne me rappelle pas à quel moment des Jcc, il y a eu quatre films sénégalais en compétition ? A l’arrivée on a eu quatre prix, je crois que le président Macky Sall doit affréter un avion spécial pour venir nous chercher. Ces Tanits d’or ne profitent ni à Moussa Touré, ni à Alain Gomis, ni à moi-même Ousmane William Mbaye, mais c’est pour le cinéma sénégalais. C’est l’occasion de dynamiser ce secteur, il est rentable, les professionnels sont là et n’attendent que ça. L’international a sacré le cinéma sénégalais à Tunis, donc il est vivant et debout.
Jean-Pierre Bekolo « Obama »
(Cinéaste camerounais – Membre du jury)
Je vois que le Sénégal est la star! Je ne sais pas si c’est Macky Sall avec son changement ou si c’est Wade qui insuffle cela, on se demande est-ce un phénomène sénégalais? (Rires).
Ce qui est important, c’est que finalement l’Afrique subsaharienne est pour moi plus créative et a proposé des oeuvres plus libres quand bien même, on traite de problèmes important que l’Afrique Maghrébine. J’ai l’impression que plus il y a des problèmes de démocratie, de révolution, d’intégrisme, plus les auteurs et les créateurs et cinéastes maghrébins sont prisonniers de cette thématique.
Nous avons vu des films de très grands cinéastes magrébin Nabil Ayouch, Nouri Bouzi, etc., qui étaient tous piégés par cette thématique de l’intégrisme et de la révolution. Parce qu’au final, on se demande qui contrôle qui? Est-ce que ce n’est pas ceux qui aimeraient entendre leurs voix sur cette thématique qui finissent par prendre le dessus sur ces auteurs qui encore ne peuvent pas penser sur ce phénomène, car c’est trop tôt. Il n’y a pas de débat convainquant sur les révolutions et l’intégrisme.
Soit il n’y a pas assez de rupture, soit le discours n’est pas détaché de ce que pense l’Occident. Alors que par exemple pour La pirogue, il avait du cinéma, un film d’aventure. Il n’y a pas eu de débat sur les deux films sénégalais primés La Pirogue et Tey, car tout le monde était d’accord, c’est à l’unanimité qu’on les a choisis. Contrairement aux autres.