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JUSTICE INTERNATIONALE: Albert Bourgi – Les ‘dérives’ de la CPI hypothèquent son avenir

Justice des vainqueurs?

La communication et « les pratiques » de la Cour Pénale Internationale (CPI) font que son fonctionnement est marqué par des « dérives » de nature à saper sa crédibilité et à hypothéquer son avenir, dix ans après sa création, a estimé, à Addis-Abeba, le politologue franco-sénégalais Albert Bourgi.

alt« Aujourd’hui, il n’est pas audacieux ni exagéré de dire que l’avenir de la CPI s’assombrit de plus en plus« , a-t-il soutenu, à l’ouverture d’un atelier international organisé par le Laboratoire de prospective et de science des mutations de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, sur le thème « L’Afrique et la gouvernance judiciaire mondiale ».

Outre des universitaires sénégalais, une centaine de délégués venus de différents pays d’Afrique, d’Europe et des Etats-Unis participent à cet atelier qui se tient sous l’égide du Centre international d’études et de recherches stratégiques et prospectives de Dakar (CIERSP). La rencontre va également aborder les relations entre l’Afrique et la CPI.

A sa création en 2002, la CPI était « toute auréolée » de prestige, d’autant qu’elle était attendue au tournant de la lutte contre l’impunité, une « mission hautement humanitaire« , a dit Bourgui, professeur de relations internationales à l’université de Reims, en France, selon qui, ces 10 dernières années ont cependant démontré que la CPI « se cherchait une voie, (ce qui est illustré) par ces espèces de dérives qui ont marqué sa communication et ses politiques« .

Au nombre des éléments constituants « l’acte d’accusation » de la CPI, tel que dressé par ses contempteurs, il a souligné le fait que cette juridiction est « devenue purement et simplement un organe d’exécution (des directives) du Conseil de sécurité de l’ONU« .

Le politologue a également évoqué « les pratiques » du procureur de la CPI, soulignant que le travail d’investigation sur lequel celui-ci se base « se résume tout simplement à reprendre les griefs et les actes d’accusation qui sont dressés sur un certain nombre d’Etats qui influent« , y compris les Etats-Unis qui ne sont pourtant pas partie de la juridiction internationale.

Selon Albert Bourgi, « la collusion entre la CPI et le Conseil de sécurité de l’ONU est d’autant plus dangereuse que le second a le pouvoir de saisir directement la Cour« , qui se révèle comme un « organe d’administration onusien. S’y ajoute un « mélange plus ou moins dangereux au service des intérêts politiques, économiques et militaires« , a-t-il martelé.

Les insuffisances relevées dans les procédures de la CPI, la « politisation » de ses actes ajoutées aux « désinvoltures » de son procureur « ont de toute évidence contribué à jeter un doute sur l’indépendance de la Cour et sur son statut juridique tout court« , a-t-il dit.

La CPI a par conséquent pris ces dernières années la forme d’une « justice des vainqueurs au service d’une orientation politique qui serait conforme » aux attentes du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce qui fait que, selon Bourgi, la conduite de ses poursuites et enquêtes se trouve de plus en plus imprégnée de « considérations politiques ».

La CPI en définitive « fait aujourd’hui l’objet d’une très grande défiance« , compte non tenu de « coût financier exorbitant« , de sorte que pour faire son diagnostic, « c’est une mort prochaine annoncée et il ne faut pas en être triste« , a conclu le politologue franco-sénégalais.

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