Aucune décision fixée!
Uhuru Kenyatta a comparu, mercredi 8 octobre devant la Cour Pénale Internationale (CPI), à La Haye. L’audience a examiné la requête de report de l’accusation, ainsi que la demande de la défense d’abandonner les poursuites. La date de rendu d’une décision n’a pas été fixée.
Uhuru Kenyatta a comparu, mercredi 8 octobre devant la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye. L’audience a examiné la requête de report de l’accusation, ainsi que la demande de la défense d’abandonner les poursuites. La date de rendu d’une décision n’a pas été fixée. Le président kényan est poursuivi pour son rôle présumé dans les violences post-électorales ayant déchiré le Kenya fin 2007 et début 2008. Uhuru Kenyatta était le premier chef d’Etat en exercice à comparaître devant la CPI.
Dès l’ouverture de l’audience le matin, l’avocat du président kényan Me Steven Kay a prévenu que c’était lui qui se prononcerait au nom de son client qui ne ferait donc aucune déclaration.
La juge qui préside la séance, Kuniko Ozaki, a donné ensuite la parole à l’accusation qui a expliqué pourquoi elle demande un ajournement sine die de la procédure évoquant les obstructions du gouvernement kényan. Le Bureau du procureur explique qu’ajourner le procès permettrait de maintenir en fait les charges contre Uhuru Kenyatta, le temps que l’enquête puisse reprendre, peut-être dans quelques années, sous-entendu peut-être quand Uhuru Kenyatta ne sera plus président du Kenya, ou alors le temps que les Etats membres de la CPI sanctionnent même formellement le Kenya pour son obstruction présumée.
La parole fut ensuite donnée à Me Fergal Gaynor, représentant les victimes, qui soutient la position de l’accusation. «Si cette affaire est close, cette stratégie de l’obstruction sera vue comme efficace».
Dossier vide pour la défense
Puis le dernier mot est revenu à la défense qui dément, elle, toute obstruction et réclame la clôture de l’affaire. Pour Steven Kay, l’un des avocats du président Kenyatta, «le dossier est vide».
«Demandez-vous un verdict?», a interrogé la présidente.
«Oui! Nous ne pouvons être acquittés puisque le procès n’a pas eu lieu. C’est un affront à la justice. Nous devons avoir un verdict de non culpabilité», répond Me Kay. L’équation de la défense est donc simple: pas de preuves, pas d’enquête, pas de procès.
L’intéressé, impassible durant l’audience
Pendant toute l’audience, Uhuru Keynatta est resté impassible et silencieux. Les galeries de la salle d’audience étaient pleines de ses partisans, d’ailleurs des supporteurs arrivés dès l’aube, habillés aux couleurs du drapeau kenyan. Des soutiens de poids. Plusieurs parlementaires kenyans ont ainsi accompagné leur président et même Mahboub Maalim, le secrétaire général de l’Organisation régionale est-africaine, l’Igad, qui a fait distribuer en salle de presse une déclaration écrite dans laquelle il apporte un soutien inconditionnel et sans faille au président kényan, soutien justifié selon lui par la nécessité pour les pays et chefs d’Etat de la région de faire front contre la menace terroriste somalienne.
Pas de décision de la Cour
L’audience qui n’aura donc duré qu’un peu plus de trois heures, s’est terminée sans aucune prise de décision. Uhuru Kenyatta, comme les victimes des violences de 2007, devront encore attendre pour connaître les suites qui seront données à cette procédure. Cette audience restera en tout cas comme celle où (pour la première fois) un chef d’Etat « en cours de mandat » aura comparu devant la Cour pénale internationale.