Maron… placé?
Robert Maroni aura-t-il gain de cause avec la démission d’Umberto Bossi, le leader charismatique du parti, âgé de 70 ans, et la nomination d’un triumvirat où il figure aux côtés de Roberto Calderoli et Manuela Dal Lago.
Roberto Maroni pourrait profiter de cette crise pour endosser le costume de nouveau leader du parti qualifié par certains de xénophobe et islamophobe.
« Si ces allégations sont vraies, Bossi est fini. Bossi va quitter le pouvoir, et Maroni, qui est très apprécié par la base du parti, sera le nouveau chef« , pronostique le politologue Giovanni Sartori.
Cette affaire tombe d’autant plus mal pour ce mouvement, qui milite pour l’indépendance de la « Padanie », regroupant les régions septentrionales de la Péninsule, plus riches que celles du « Mezzogiorno » (Sud), qu’il a bâti son socle électoral sur la dénonciation de la classe politique italienne, jugée corrompue et incompétente.
Des slogans comme « Roma ladrona, la Lega non perdona » (Rome voleuse, la Ligue ne pardonne pas) ou des attaques contre les « terroni » (bouseux) du Sud ont souvent rythmé ses meetings.
Cette nouvelle affaire de corruption au sein d’un parti qui compte 59 élus sur les 600 de la Chambre des députés, pourrait en revanche servir les intérêts de Mario Monti.
L’arrivée d’un technocrate au pouvoir dans un pays réputé pour l’importance de ses partis politiques (comme jadis le Parti communiste italien (PCI), la Démocratie chrétienne (DC) ou Forza Italia de Silvio Berlusconi) a été perçue comme une mini-révolution dans la péninsule.
De nombreux Italiens semblent désormais être convaincus qu’un gouvernement de techniciens est à même de prendre des décisions importantes et de réformer le pays.
« Le scandale pourrait renforcer le sentiment déjà présent chez les électeurs que tous les partis sont corrompus, incitant nombre d’entre eux à juger que l’Italie peut très bien vivre sans eux« , explique Luca Comodo, qui dirige le département de recherche politique chez Ipsos en Italie.
Depuis novembre, la Ligue du nord n’a pas ménagé ses critiques à l’encontre du gouvernement de Monti, qui est soutenu par une large coalition de partis, mais qui a annoncé son intention de ne pas rester au pouvoir à l’issue des législatives de 2013.
Des élections municipales sont programmées les 6 et 7 mai en Italie. Le score de la Ligue dans les régions où elle est très implantée, comme en Lombardie, en Vénétie ou dans le Frioul, sera particulièrement scruté.