Maintenant qu’ils sont seuls au gros plat, RDR et PDCI maintiendront l’équilibre?
La victoire aux législatives de 2011 du RDR (Rassemblement des Républicains), parti du président Alassane Dramane Ouattara (ADO), au pouvoir, était un secret de Polichinelle avant même la proclamation des résultats définitifs par la Commission électorale indépendante (CEI), étant le boulevard ouvert par la décision de ne pas participer aux élections, de la part du FPI (Front Populaire Ivoirien) de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo, désormais détenu à la Cour pénale internationale (CPI).
A la toute première épreuve consultative postcrise, le parti au pouvoir et son allié, à savoir le PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire), rafle au moins 80% des sièges à pourvoir, ce qui se traduit en un Parlement quasi monocolore, une institution républicaine sans contre-pouvoir réel et sérieux, presque comme au temps du parti unique.
Certes, le seul enjeu de ces législatives fut le faible taux de participation estimé par les opposants à seulement 20% des inscrits. Mais toutefois cette razzia électorale réussie par les vainqueurs déclarés de la présidentielle de 2010 est, à bien des égards, assimilable à une arme à double tranchant dont le maniement requiert dextérité et sagesse.
C’est en cela qu’il s’avère important de savoir ce que le RDR pourrait bien faire de son raz de marée électoral. Exploitée à bon escient, cette spectaculaire victoire qui n’est du reste point déméritée, peut permettre au pouvoir en place à Abidjan de gouverner en toute tranquillité.
Car, il aura les coudées franches et les législateurs nécessaires pour proposer et faire passer comme une lettre à la poste ses réformes et son programme politiques. A condition, bien entendu, de ne pas se montrer ingrat envers les trois autres principaux partis du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), alliance ayant soutenu la candidature de ADO au second tour de la présidentielle.
Des accusations de fraudes pendant les législatives ont été adressées au RDR par le PDCI, qui, on s’en souvient, n’a pourtant eu de cesse de braver les menaces diverses des pro-Gbagbo pour reconnaître et rappeler à tout-va la victoire de ADO à la présidentielle, à une époque très critique.
Les alliés d’hier doivent éviter tout clash qui fera d’eux les pires ennemis d’aujourd’hui. Selon les accords, le poste de Premier ministre devait revenir logiquement au PDCI. Etant donné les circonstances imprévisibles de la crise post-électorale, un arrangement a sans doute été trouvé pour permettre au secrétaire général des Forces Nouvelles, Guillaume Soro, de rester à son poste, en attendant de trouver un plan convenable à son avenir politique.
Celui-ci, plébiscité dans sa région à plus de 99%, profitera-t-on d’une telle aubaine pour lui négocier le perchoir de l’Assemblée Nationale afin de dégager la primature pour son destinataire initial?
ADO devra tout faire pour laisser la présidence de l’Assemblée Nationale ou, tout au moins, des porte-feuilles ministériels de souveraineté, au parti PDCI, qui a su faire preuve de patience et de compréhension, méritant donc qu’on lui renvoie l’ascenseur. ADO devrait en tenir compte lors de l’iiminent remaniement du gouvernement, attendu après la proclamation des résultats définitifs des législatives.
Et pour éviter de verser dans une gouvernance autocratique déguisée avec toutes les dérives y liées, les meneurs actuels du jeu politique ivoirien ne doivent pas se lasser de lacher du leste envers le FPI, dont l’absence à l’Assemblée Nationale sera un important manque à gagner. Car les débats contradictoires forgent la vie démocratique.