Vœu…ve?
Safia Farkech, veuve du dictateur libyen déchu Mouammar Kadhafi, a lancé un appel à l’Onu et à l’Union européenne pour l’aider à retrouver les corps de son mari et de son fils.
Mouammar Kadhafi et son fils Mouatassim ont été capturés et tués par des ex-rebelles le 20 octobre 2011 à Syrte, dans le centre du pays.
Leurs corps avaient été exposés au public à Misrata, à 214 km à l’est de Tripoli, avant d’être enterrés dans un endroit tenu secret.
Leurs corps avaient été exposés pendant des jours au public à Misrata, à 214 km à l’est de Tripoli, avant d’être enterrés dans un endroit tenu secret.
À l’occasion de la commémoration, le 20 octobre, du deuxième anniversaire de l’assassinat du Guide libyen, Mouammar Kadhafi, sa veuve, Safia, a lancé un appel à l’Onu et à l’Union européenne pour l’aider à retrouver les corps de son mari et de son fils, nous apprend la radio russe,«The Voice of Russia».Pour mémoire, Kadhafi et son fils Mouatassim ont été capturés, torturés et tués par des ex-rebelles, le 20 octobre 2011, à Syrte.
Leurs corps avaient été exposés pendant des jours au public à Misrata, à 214 km à l’est de Tripoli, avant d’être enterrés dans un endroit tenu secret. Pensez-vous que quelqu’un, à l’Onu ou à l’Ue, aura le temps de s’occuper de cet appel désespéré de l’épouse du dirigeant libyen lynché en toute impunité et au mépris des conventions internationales régissant le droit de la guerre ?
Au regard des comportements des acteurs, en Libye comme ailleurs au siège onusien à New York comme dans l’antre européenne de Bruxelles, il y a lieu d’en douter. Personne ne viendra au secours de la veuve éplorée.
L’infortunée aurait mieux fait de ne pas épouser le « dictateur ». Elle a, en plus, commis le crime impardonnable de donner naissance à des enfants aussi « dictateurs » que Kadhafi lui-même. Ce qui justifie que ses enfants survivants soient, à présent, pourchassés, officiellement, pour des crimes très graves contre la révolution et le peuple libyen.
Mouatassim, Khamis, Saif el Arab ont été, quant à eux, tués dans des conditions restées floues. La veuve Kadhafi a appelé, par ailleurs, les «organisations des droits de l’homme à l’aider à contacter son fils Seif al-Islam Kadhafi », arrêté dans la ville de Zenten (sud-ouest), et officiellement en attente de jugement. Cette autre demande ne risque pas d’aboutir.
Les organisations des droits de l’homme répugnent à manifester un quelconque enthousiasme dans la défense de personnes considérées par leurs bailleurs de fonds et des officines médiatiques en vue comme des parias.
De temps à autre, un petit communiqué est rédigé, pour acquit de conscience. Bien qu’ayant fait, depuis plus de deux ans, le constat de l’incapacité à agir de l’Union africaine sur le dossier libyen, la veuve Kadhafi refuse d’en tirer une conclusion définitive.
« Je demande aussi à l’Union africaine d’ouvrir une enquête approfondie sur le crime de l’assassinat (…) de Mouammar Kadhafi et de ses compagnons », a-t-elle ajouté dans sa lettre. C’est à pouffer de rire. Il faut qu’elle soit irrémédiablement optimiste pour croire que l’Union africaine lèvera le petit doigt pour ouvrir pareille enquête.
Sur les nombreux crimes commis à l’encontre des populations noires de Libye, et pourtant assez bien documentés par des Ong internationales de défense des droits humains de renom, l’organisation continentale portée sur les fonts baptismaux par Kadhafi n’a rien fait. Les migrants subsahariens sont aujourd’hui victimes des trafics les plus éhontés en Libye, et meurent en Méditerranée, avant d’atteindre Lampedusa.
Nul n’a entendu dire que ces drames empêchent les hauts fonctionnaires de l’Ua de dormir. Au siège même de l’organisation à Addis-Abeba, rien n’indique le rôle joué par le Guide libyen dans l’avènement de l’Ua. Normal : c’était un dictateur et un dictateur n’est pas à célébrer quelque bénéfique qu’ait pu être son action par ailleurs.
La pensée unique sur Kadhafi est la suivante : il n’a fait que torturer son peuple pendant ses décennies de pouvoir, il a rendu les Libyens malheureux, les a dépossédés de tout, les a massacrés et bombardés. Il n’a rien fait pour l’Afrique. Ses conférences à Syrte, pour lancer l’Ua, le fameux 9.9.99, c’était juste de la poudre aux yeux.
C’était juste pour servir ses appétits de mégalomane. Des trois projets d’institutions économiques panafricaines prévues dans le traité de l’Ua, celui de la Banque africaine d’investissement était-il le plus prêt à devenir réalité? C’était pure gesticulation à visée hégémonique.
Pour toutes ces raisons, l’Ua laissera la veuve Kadhafi là où elle se trouve. Il n’y aura pas de pitié pour elle. Tous ceux qui défilaient à Syrte ou à Tripoli pour quémander, tous ceux qui déroulaient le tapis rouge au Guide et en attendaient diverses formes de reconnaissance sont devenus subitement très discrets.
Après avoir profité des largesses du Guide, ils se détournent de sa veuve et abandonnent sa progéniture déclarée coupable, en dehors de toute procédure judiciaire.
Même la Cour pénale internationale ne déborde pas d’énergie pour réclamer un procès de Seif el- Islam Kadhafi à La Haye. S’il est jugé en Libye, il sera, à coup sûr, exécuté, la peine de mort étant pleinement en vigueur en Libye post-Kadhafi.
En dehors de sa mère et des survivants de la fratrie, qui se soucie du sort de Seif el-Islam, dans une Libye libérée qui semble se rapprocher plus de la Somalie démembrée et désétatisée que du monde libre ?
Personne n’aidera Safia. Personne ne sauvera Seif el-Islam. Les croyants diront que c’est la volonté de Dieu, suivant la terrible formule passe-partout: « Tout ce que Dieu fait est bon ».
