La recette Irak: ils font leur guerre mais la font payer au pays qu’ils bombardent.
Les Etats membres de l’OTAN, dont les forces participent aux opérations de soutien à la rébellion et de bombardements en Libye, vont se « payer sur la bete ».
C’est en tout cas ainsi que s’interprète la décision qu’ils ont fait prendre au groupe de contact pour la Libye, lors de sa dernière réunion à Istanbul, de reconnaître le Conseil National de Transition (CNT), organe politique des rebelles, comme «l’autorité gouvernementale légitime du pays».
Il découle de cette décision, comme l’a précisé le ministre français des Affaires étrangères, qu’elle va permettre de «pouvoir dégeler un certain nombre d’avoirs de l’État libyen, puisque c’est le CNT qui exerce désormais cette responsabilité». En clair, cela veut dire que les États ayant reconnu le CNT pourront, à sa demande, puiser dans ces avoirs.
Officiellement donc, c’est le CNT qui va bénéficier de leurs rétrocessions, comme il ne cesse de le réclamer, en prétextant des besoins financiers nécessités pour entretenir la guerre contre Kadhafi et ses partisans et faire face aux besoins des zones et des populations sous son contrôle.
Dans les faits, l’opération va permettre à la France et à ses alliés de puiser autrement que dans leurs budgets nationaux l’argent indispensable au financement des bombardements en Libye et celui à fournir aux rebelles. Coup double, qui leur permet de réduire le coût de leur engagement au côté de la rébellion libyenne et qui intervient au moment où les spécialistes de la choses militaire disent ne plus voir comment les États impliqués dans l’intervention en Libye vont pouvoir continuer à la mener, alors que les dépenses financières qu’elle exige excèdent les capacités de leurs budgets militaires nationaux.
Indirectement donc, le dégel des avoirs de l’État libyen au profit du Conseil national de transition va leur permettre de financer la poursuite de l’intervention parce qu’ils auront la possibilité de compenser par ce biais l’aide financière qu’ils ont accordée à cet organisme et de lui facturer tout ou partie des dépenses induites par la poursuite de l’intervention militaire.
Le Conseil national de transition (CNT), dont la légitimité nationale et internationale reste à démontrer, s’est déjà engagé auprès de ces États qui soutiennent à bout de bras la rébellion à privilégier leurs intérêts dans la Libye post Kadhafi. Il ne fera aucune objection à ce que les avoirs gelés de l’État libyen soient utilisés pour défrayer ses « alliés ».
Le stratagème n’est pas nouveau : les États-Unis y ont eu secours en Irak, dont le peuple a été saigné – aux sens propre et figuré – par l’utilisation de ses richesses financières comme « nerf de la guerre » qui a détruit son pays.
Il en sera ainsi en Libye parce que, désormais, les États de la coalition pourront continuer à mener leur guerre contre Kadhafi et ses partisans à moindres frais pour les budgets de leurs pays respectifs. Le tout en se parant de la « légalité internationale » qu’est censée avoir procuré la décision d’un groupe de contact qu’on s’est empressé de qualifier comme parlant au nom de la communauté internationale.
En fait, une poignée d’États qui s’est arrogé le droit de faire comme bon lui semble sur les crises internationales.
K. H.