Amnistie sectariste sans… alibye?
En Libye, une loi controversée prévoit d’accorder l’impunité aux anciens rebelles. Cette loi, baptisée «Loi numéro trente-huit», a été décriée par des ONG internationales et libyennes qui rappellent que des crimes ont été commis par des membres des deux camps durant la phase des conflits.
La loi prévoit l’amnistie pour tous les actes qui ont pu servir le succès et la protection de la révolution du 17 février. Une terminologie vague qui revient à protéger de toute poursuite les abus commis par les rebelles durant et après la phase des conflits. Mais Abdulkader Kadura, professeur de droit constitutionnel à Benghazi, le fief de la révolution, ne condamne pas cette loi d’amnistie: «Dans la guerre, il y a toujours des actes malheureux qui se produisent, des actes commis par des jeunes qui n’ont jamais été militaires, qui ont perdu leurs frères, leurs amis devant leurs yeux… Je ne crois pas que ce sont des crimes de guerre. Les Libyens vont regarder vers l’avenir et oublier tout le passé».
Reste que les combattants pro-Kadhafi eux, auront à répondre de leurs actes une fois que les institutions judiciaires seront pleinement opérationnelles en Libye. Jean- Marie Fardeau porte-parole de l’ONG Human Rights Watch dénonce une justice sélective: «On va décider qui ou qui ne peut pas bénéficier de cette loi d’amnistie. Qui aura droit à une amnistie ou non. Il nous semblerait inacceptable et surtout contraire aux engagements internationaux de la Libye qui l’obligent à poursuivre les gens qui ont commis des crimes graves, qui malheureusement ont été commis aussi par certaines forces rebelles».
L’organisation des avocats pour la justice en Libye qui regroupe une soixantaine de juristes a également condamné cette loi qui selon son communiqué «ne rompt en rien avec les années sombres du régime de Mouammar Kadhafi».