Malgache… sans relâche!
Il y a 40 ans à Madagascar, les étudiants se levaient pour réclamer la démocratisation de l’enseignement et la fin de l’hégémonie de la langue française.
Le 13 mai 1972, des milliers de manifestants se rendirent sur la grande place de l’Hôtel de ville de la capitale pour réclamer la libération d’étudiants arrêtés et envoyés au bagne.
Une manifestation réprimée par les forces de l’ordre qui tirèrent sur la foule, faisant près de 40 morts et de nombreux blessés. Un événement charnière dans l’histoire de la Grande île puisqu’il conduisit à la fin de la première République.
«A 9 heures, des étudiants sont venus frappés à ma porte: « Monsieur, monsieur, on tire là-bas sur la place de l’Hôtel de ville. Il y a beaucoup de blessés, il y a des morts »». Henri Rahaingoson se souvient du 13 mai 1972. Il était alors enseignant dans le public et, en tant que syndicaliste, il soutenait le mouvement des étudiants. Au coeur de son engagement, la défense de la langue malgache.
«On sentait que l’indépendance octroyée en 1960 n’était pas une vraie indépendance, qu’il y avait à conquérir une espèce de deuxième indépendance et faire valoir l’identité malgache dans tous ses sens», commente-t-il.
La «malgachisation» sera ensuite mise en oeuvre, mais à marche forcée, sans véritable politique linguistique. Quarante ans après, Henri Rahaingoson, membre de l’Académie malgache, dresse un bilan contrasté et dénonce les trahisons des gouvernants à l’égard des idées portées par mai 1972.
«J’ai un regard amer parce que je dis que si on a fait accélérer la malgachisation c’était pour mieux la tuer. Si on a accéléré la démocratisation c’est parce qu’on voulait se cacher derrière une prise de pouvoir par une certaine classe, et par quelques individus qui ont accédé au pouvoir».
Le «13-mai», c’est depuis le nom de la place de l’Hôtel de ville, une place devenue un symbole. C’est là que se sont joués toutes les crises politiques et les changements de régime sous la pression de la foule.