La transition… transite au Vatican?
L’homme fort de la Transition reprend son bâton de pèlerin pour rencontrer le Pape François. Le contexte particulier de la transition n’enlève pas un parfum politique au déplacement.
Un déplacement à consonance religieuse et politique. Andry Rajoelina, président de la Transition, s’est envolé pour le Vatican en vue d’une audience pontificale. L’homme fort de la Transition a eu une audience auprès du Pape François au Vatican, vendredi 26 avril. La délégation qu’il conduit avait quitté le pays jeudi soir.
Andry Rajoelina devrait également rencontrer le secrétaire d’État, le Cardinal Tarcisio Bertone, l’équivalent du ministre des Affaires étrangères du Vatican. Cette deuxième rencontre est prévue se dérouler, après celle avec le nouveau Pape.
Andry Rajoelina avait été représenté par Annick Rajaona, directrice des Relations internationales à la Présidence, lors de la messe d’installation du Pape François au mois de mars. Cette fois-ci, il se déplace personnellement à Rome pour une audience papale.
«Une demande d’audience avait été formulée depuis quelque temps. Il ne faut pas non plus oublier que le président de la Transition est un catholique pratiquant», rappelle une source au courant du dossier.
La visite, au-delà de son aspect religieux, a également une dimension politique du fait du contexte du moment. La rencontre avec le secrétaire d’État au Vatican confirme le côté politique de la visite. L’initiative arrive au moment où le FFKM, dont l’Église catholique assure la présidence tournante, mène son projet de «réconciliation», faisant l’objet de tirs croisés aussi bien au niveau national qu’international.
Le déplacement présidentiel pourrait être interprété comme une volonté de se rapprocher de l’Église. «Il se pourrait que le président de la Transition explique à ses interlocuteurs la situation à Madagascar. Il pourrait brosser l’historique de la transition et de la manière dont il a dirigé celle-ci», confie une source proche du dossier.
Andry Rajoelina avait remémoré sa proposition autour de l’inversion de l’ordre de l’élection présidentielle et des législatives le 18 avril, alors que le débat fait rage sur la voie à suivre pour la sortie de crise. C’était lors de l’ouverture de la réunion préliminaire de «réconciliation» initiée par le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). Il avait ensuite précisé son ouverture aux discussions sur la transition, sans renier celle-ci, à Ambovombe samedi.
Interrogé sur la visite, le père Alain Thierry Raharison, assistant ecclésiaste chez Justice et Paix, affirme: «Je rappelle l’existence d’une continuité de l’État stable chez elle», remémore-t-il pour ôter, semble-t-il, dans une certaine mesure, le caractère exceptionnel, des rendez-vous.
Père Alain Thierry Raharison explique que l’Église «respecte le principe de subsidiarité». Il évoque en même temps l’idée selon laquelle elle «suit toujours les affaires nationales» et adopte une «option préférentielle pour les pauvres», un principe élaboré dans la doctrine sociale de l’Église catholique.
L’assistant ecclésiaste chez Justice et Paix profite de l’occasion pour faire un point sur la démarche du FFKM. «Il continue sa mission prophétique et de réconciliation comme le gouvernement assure la sienne dans la gestion des affaires nationales. Il n’est que l’organisateur et le facilitateur de la réunion préliminaire à Ivato, permettant aux acteurs politiques d’exprimer leurs opinions. Il ne lui appartient pas de décider quoi que ce soit», avance-t-il. «La force d’autorité morale de l’Église semble gêner la démarche politique de certains», conclut-il.