Question Mali-cieuse?
La Communauté internationale s’est penchée au chevet du Mali, à Bruxelles. Passée la guerre intense contre le djihad, il faut gagner maintenant la guerre de la reconstruction. Le jeu en vaut bien la chandelle.
Le septentrion malien est un véritable champ de ruines après le passage de ceux qui ne craignent ni Dieu, ni diable. Et, au-delà de cette région, c’est bien tout le Mali qui est malade de son économie et de ses institutions qui ont besoin d’un redressement.
Les indicateurs socio-économiques, si l’on en croit le FMI (Fonds Monétaire International), sont au rouge au Mali, avec une récession de 1,2%. Et que dire des milliers de déplacés à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, qui ont besoin de revenir au bercail et de s’insérer dans leurs communautés!
Il fallait bien ce sommet de Bruxelles pour proposer un plan Marshall pour la reconstruction du Mali. C’est sans doute ce qui a motivé cette conférence de Bruxelles placée sous le thème: «Ensemble pour le renouveau du Mali».
C’est bien heureux que le monde entier fasse de la question du Mali une préoccupation majeure. En atteste la présence de bien des têtes couronnées et d’institutions comme l’ONU, la Banque mondiale, l’Union africaine, l’Union européenne, etc.
Le Mali a été comblé au-delà de ses attentes car la communauté internationale a débloqué la bagatelle de 3 milliards 500 millions d’euros. Si ce ne sont que les sous qui manquaient pour reconstruire le Mali, le problème sera a priori vite réglé.
Cela dit, il faut féliciter les autorités de transition maliennes pour avoir formulé un plan cohérent de reconstruction du pays qui a réjoui les donateurs.
Il faut davantage féliciter ce pays, qui promet, pour sa part, de débloquer des fonds pour se redresser, quoique suffisamment éprouvé par une si longue et pénible guerre contre le fondamentalisme religieux.
Son effort est d’autant plus louable que certains pays africains, dans la même situation, ne se seraient pas résolus à en faire autant.
En tout cas, il y a moins de soucis à se faire sur la collecte de ces fonds que sur la manière dont ils seront gérés. Toute la grande question est de savoir si le Mali méritera la confiance des donateurs.
La question est, en effet, d’autant moins saugrenue que la corruption et la gabegie caractérisent ce pays, comme bien d’autres sous les tropiques africains. D’ailleurs, la corruption et ses corollaires comme le laxisme sont des tares largement critiquées sous le régime de ATT (Amadou Toumani Touré).
La preuve que cette corruption est endémique au Mali, c’est le détournement, il n’y a pas si longtemps, des fonds alloués à la lutte contre le Sida. Ce qui avait conduit les bailleurs de fonds à fermer le robinet de l’aide.
Délinquants à col blanc et autres prédateurs tenteront certainement de tremper leur barbe dans la grande soupe à sous promise à Bamako.
Au président de la transition, Dioncounda Traoré, de tenir toute sa promesse de gérer ces fonds avec toute la transparence et la rigueur qui s’imposent, lui qui s’est engagé à ne pas décevoir les donateurs. La loi sur la corruption qu’il entend faire respecter constituerait un véritable garde-fou.
Toutes proportions gardées, la rencontre de Bruxelles augure quelque chose de bon pour le redressement du Mali. La date de la présidentielle, prévue pour juillet prochain, se confirme de plus en plus.
Ce sera la surprise si cette présidentielle n’a pas lieu à la date prévue. D’autant que la France qui y tient mordicus s’active et met les moyens pour y parvenir. Pour elle, le couronnement de son succès militaire viendra après l’organisation de cette élection. L’intervention glorieuse de son armée au Mali constitue la phase I.
La phase II reste la tenue de l’élection présidentielle. C’est sans doute la raison qui explique que Paris débloque, à elle seule, la bagatelle de 280 millions d’euros pour la reconstruction du Mali. La visite de Mme Hollande au Mali entre dans ce cadre. C’est le signe d’une France qui veut rester aux côtés des Maliens dans cette période difficile. Mais une chose est de vouloir accompagner le Mali à l’élection, l’aider à se redresser.
Une autre devrait être, pour la France, de clarifier sa position sur le MNLA et le statut de Kidal qu’il occupe et qui constitue un Etat dans l’Etat malien. De gré ou de force, ce groupe armé doit quitter cette portion du territoire qu’il occupe illégalement. Cette élection que la France appelle de tous ses vœux doit se dérouler sur l’ensemble du territoire malien.
L’on ne parlera pas d’unité du Mali tant qu’une partie de son territoire est occupée par un groupe armé qui défie la république. Alors, M. Hollande, enjoignez au MNLA de libérer Kidal et sa région avant la présidentielle prévue pour juillet.