Canalisation vers la nor-Mali-sation?
Au Mali, le président de transition, Dioncounda Traoré a reçu, mardi 7 mai, les représentants de la Plateforme des cadres et des leaders « Kel Tamasheks« , c’est-à-dire « Touaregs pour l’Unité Nationale du Mali« . Cette organisation, lancée il y a moins d’un mois, prétend représenter les aspirations de la communauté touarègue, favorable à l’unité malienne.
Le premier objectif était de présenter au président malien de transition, Dioncounda Traoré, les buts de la Plateforme: lutter contre la stigmatisation des populations touarègues et soutenir l’unité du Mali. Mais surtout, il s’agissait de jouer la carte du volontarisme afin d’être impliqué dans le processus de réconciliation nationale.
«Nous lui avons dit aussi que nous sommes disponibles pour appuyer la Commission Dialogue et Réconciliation, qui vient d’être installée dans notre plan d’action. Donc il est prévu l’organisation d’un séminaire national sur la réconciliation au Mali», indique Inhaye Ag Mohamed, premier vice-président de la Plateforme Kel Tamashek.
Ont également été abordés le développement économique du nord du Mali, et le processus de décentralisation: «Il y a des besoins énormes en matière de services sociaux de base, souligne Inhaye Ag Mohamed. Le nord du Mali se caractérise quand même par l’immensité du territoire et la dureté des conditions climatiques. Et je pense que ce qu’il y a lieu de faire c’est de faire jouer la solidarité nationale et internationale pour permettre aux populations des régions du nord de connaître les bienfaits du développement tout comme au sud».
La création d’un Haut conseil de l’Azawad à Kidal, prônant également le dialogue, l’intégrité territoriale du Mali et le pacifisme, n’aurait pas été abordée avec le président de transition.
«Cela ne nous intéresse même pas», expliquent les cadres de la Plateforme, qui n’y voient qu’une «porte de sortie» pour les combattants du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) ou du MIA (Mouvement Islamique de l’Azawad).
Les différentes communautés du nord du Mali s’organisent sur une base ethnique dans la perspective d’un futur dialogue national. C’est ainsi qu’est apparu la Plateforme Tamashek, une association qui, pour la première fois, se revendique ouvertement touarègue.
Ces initiateurs disent vouloir donner une autre image des Touaregs que celle de la rebellion. Ils reconnaissent le droit du MNLA à demander des négociations avec Bamako, mais ils estiment que ce mouvement ne représente pas l’ensemble des populations tamasheks et ne peut pas négocier en leur nom.
Une autre structure, le Haut Conseil de l’Azawad, a été créé récemment par un fils du chef traditionnel de Kidal. Lui aussi affirme son rejet de la lutte armée, et son ancrage dans l’unité nationale. Aussitôt des officiels maliens ont fait savoir qu’ils appréciaient ses objectifs.
Le gouvernement malien, qui rejette pour l’instant toute idée de dialogue avec le MNLA, voient dans ces structures des interlocuteurs potentiels. Est-ce pour s’interdire définitivement tout contact avec le MNLA ou au contraire pour créer des passerelles?
La question du rôle de la Commission Dialogue et Réconciliation se pose également. Elle a rencontré le médiateur de la Cédéao et le représentant de l’ONU, ce qui semble indiquer que son activité ne se limitera pas au dialogue intercommunautaire. Mais est-ce que ce sera pour jeter des ponts vers le dialogue, ou pour faire barrage à toute discussion? Le gouvernement malien va devoir choisir.